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Erdogan : du rapprochement avec Israël à la défense de Gaza

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Le président turc Erdogan, initialement en quête de normalisation avec Israël, a radicalement changé de position après l'attaque du 7 octobre 2023. Sa rhétorique pro-palestinienne isole désormais la Turquie.

Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie depuis 2014, a longtemps cherché à équilibrer ses relations avec Israël et son soutien à la cause palestinienne. Cette stratégie visait à améliorer la position diplomatique de la Turquie et à stimuler son économie, qui a connu une forte inflation ces dernières années.

Fin 2020, Erdogan a manifesté sa volonté de se rapprocher d'Israël, une décision qui s'inscrivait dans le cadre plus large de la politique étrangère turque. La Turquie, membre de l'OTAN depuis 1952, cherchait à renforcer ses liens avec les pays occidentaux tout en maintenant son influence au Moyen-Orient.

Le 26 juillet 2023, une rencontre entre Mahmoud Abbas et Ismaïl Haniyeh à Ankara semblait confirmer le rôle de médiateur que la Turquie souhaitait jouer. Cette initiative rappelait le rôle crucial que la Turquie avait joué dans l'accord sur les céréales de la mer Noire en 2022, démontrant sa capacité à faciliter des négociations complexes.

Cependant, l'attaque du 7 octobre 2023 a bouleversé ces efforts de normalisation. Erdogan, initialement prudent dans ses déclarations, a rapidement adopté une position plus critique envers Israël. Ce changement de ton reflète la complexité de la position géostratégique unique de la Turquie, à cheval entre l'Europe et l'Asie.

Le 28 juillet 2024, Erdogan est allé jusqu'à menacer d'intervenir militairement en Israël, une déclaration qui a rappelé les opérations militaires turques en Syrie contre les forces kurdes. Cette rhétorique agressive a contribué à marginaliser la Turquie sur la scène internationale, l'empêchant de jouer un rôle de médiateur au niveau de l'Égypte ou du Qatar.

Lors de son discours à l'Assemblée générale des Nations unies le 24 septembre 2024, Erdogan a comparé le Premier ministre israélien à Hitler, une déclaration qui a suscité de vives réactions. Cette comparaison controversée a été réitérée lors de la session d'ouverture du Parlement turc le 2 octobre 2024, où Erdogan a accusé Israël de génocide et de nettoyage ethnique.

Ces déclarations ont eu un impact significatif sur la position diplomatique de la Turquie. Bien que le pays ait accueilli plus de 3,5 millions de réfugiés syriens, démontrant sa capacité à gérer des crises humanitaires, sa rhétorique actuelle l'isole de plus en plus sur la scène internationale.

La position d'Erdogan reflète les défis auxquels la Turquie est confrontée, tant sur le plan intérieur qu'extérieur. Alors que le pays reste candidat à l'adhésion à l'Union européenne depuis 1999, ses relations avec l'Occident se sont tendues. En même temps, la Turquie continue de jouer un rôle crucial dans la région, contrôlant le stratégique détroit du Bosphore.

L'avenir des relations entre la Turquie et Israël reste incertain. Alors que la Turquie cherche à maintenir son influence régionale, sa position actuelle risque de compromettre ses objectifs diplomatiques et économiques à long terme.