Dans le monde effervescent de la restauration parisienne, Florent Ciccoli se distingue par son parcours atypique. Originaire du 6e arrondissement de Lyon, quartier réputé pour son caractère bourgeois, il nourrissait dès son adolescence un rêve peu conventionnel : devenir patron de bar.
À 21 ans, suite au décès de sa mère, Ciccoli quitte Lyon pour Paris, poursuivant des études de psychologie à l'Université Paris 8 à Saint-Denis. Pour financer ses études, il travaille dans un bar à Montmartre, "Le Rendez-vous des amis", un projet étudiant initié par des élèves de Sciences Po. Cette expérience s'avère déterminante pour son avenir professionnel.
Avec quelques collègues et un client régulier, Ciccoli décide de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale. Leurs employeurs, loin de s'opposer à leur projet, les soutiennent en se portant caution auprès de la banque. Six mois plus tard, "Les Caves populaires" ouvre ses portes dans le 17e arrondissement, proposant une ambiance conviviale à prix abordables.
Le succès est au rendez-vous, et l'expansion s'accélère. Entre 2006 et 2016, le groupe ouvre une douzaine d'établissements, dont "Les Pères populaires" dans le 20e arrondissement. Ce lieu, conservé "dans son jus", devient rapidement un point de rencontre populaire, proposant une formule entrée-plat-dessert à 14 €, une offre alléchante dans le paysage de la restauration parisienne.
Après une période de croissance rapide, le groupe se sépare, chacun reprenant la gestion d'un établissement. Ciccoli se retrouve aux fourneaux chez Jones, où il redécouvre ses racines culinaires corses à travers la préparation des truites à la cortenaise, une recette familiale empreinte de souvenirs d'enfance.
Cette recette, mêlant l'ail et le vinaigre, ingrédients typiques de la cuisine corse, évoque pour Ciccoli les moments partagés avec son père, de la pêche à la dégustation. Bien que son fils soit allergique au poisson, limitant la préparation de ce plat, il reste un symbole fort liant ses origines familiales à son parcours professionnel.
L'histoire de Florent Ciccoli illustre parfaitement l'évolution du paysage de la restauration française, où l'entrepreneuriat et l'innovation côtoient la tradition culinaire. Son parcours, de simple barman à propriétaire d'établissements renommés, témoigne de la vitalité du secteur et de l'importance des liens entre gastronomie et souvenirs personnels.
"Cela peut sembler étrange, mais, quelque part, j'ai toujours voulu être patron de bar. C'est ce que j'indiquais sur les fiches d'orientation au collège. J'aimais bien écrire ça, patron de bar."
Cette aventure entrepreneuriale, née dans un bar étudiant de Montmartre, démontre l'importance des lieux de socialisation dans le développement professionnel et personnel. Elle souligne également la richesse de la scène gastronomique parisienne, où coexistent bistrots traditionnels et concepts innovants, répondant aux attentes d'une clientèle diverse et exigeante.