Niger : 9 ex-responsables déchus de leur nationalité par la junte
La junte militaire nigérienne a provisoirement retiré la nationalité à neuf anciens responsables du régime civil, les accusant de complot et d'intelligence avec l'étranger. Cette décision soulève des inquiétudes quant aux droits fondamentaux.
Le gouvernement militaire nigérien, dirigé par le général Abdourahamane Tiani, a pris une mesure drastique envers neuf anciens responsables du régime civil renversé en juillet 2023. Ces individus ont été "provisoirement déchus" de leur nationalité nigérienne, une décision annoncée le 10 octobre 2024, soit 15 mois après le coup d'État qui a bouleversé le paysage politique du pays.
Les autorités militaires justifient cette action par des soupçons graves, notamment "d'intelligence avec une puissance étrangère" et de "complot contre l'autorité de l'État". Parmi les personnes visées figurent des figures importantes de l'ancien régime, telles que :
- Le général Mahamadou Abou Tarka de la Haute Autorité à la consolidation de la paix
- Le général Karingama Wali Ibrahim, ex-chef de la garde présidentielle
- Daouda Djibo Takoubakoye, ancien adjoint au directeur de cabinet du président déchu
- Rhissa Ag Boula, ex-conseiller en sécurité
Cette décision s'inscrit dans un contexte politique tendu, marqué par les défis sécuritaires auxquels le Niger est confronté dans la région du Sahel. Le pays, qui fait partie du G5 Sahel, une organisation de coopération régionale, lutte contre le terrorisme et l'instabilité.
Le gouvernement militaire affirme agir conformément à une ordonnance signée fin août 2023, permettant la création d'un fichier de personnes ou d'entités impliquées dans des actes menaçant les intérêts nationaux. Cependant, cette mesure a été critiquée par l'ONG Human Rights Watch (HRW), qui y voit une "entrave" aux droits fondamentaux.
Il est important de noter que le Niger, pays enclavé d'Afrique de l'Ouest indépendant depuis 1960, a connu plusieurs coups d'État au cours de son histoire. Le pays, riche en ressources naturelles comme l'uranium et l'or, fait face à des défis économiques et environnementaux majeurs, étant classé parmi les pays les plus pauvres du monde.
Cette décision de déchéance de nationalité intervient dans un contexte plus large de mesures prises par la junte depuis le coup d'État. En septembre 2023, des avis de recherche avaient déjà été lancés contre une vingtaine de personnalités de l'ancien gouvernement, accusées de "trahison et complot".
La situation politique reste tendue, avec l'ancien président Mohamed Bazoum toujours séquestré dans sa résidence présidentielle depuis le renversement du régime. Cette crise politique a des répercussions sur la stabilité régionale, alors que le Niger joue un rôle crucial dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
La communauté internationale observe avec inquiétude ces développements, craignant une détérioration des droits humains et de la démocratie dans un pays déjà confronté à de nombreux défis. Le Niger, avec sa diversité ethnique et linguistique, son vaste territoire en partie désertique, et ses ressources naturelles, reste un acteur clé dans la région ouest-africaine.
"Le général Abdourahamane Tiani a signé ce jour jeudi [10 octobre] un décret portant déchéance de la nationalité de certaines personnes pour diverses infractions prévues et sanctionnées par la loi."
Cette situation soulève des questions sur l'avenir politique du Niger et son impact sur la stabilité régionale, alors que le pays tente de naviguer entre ses défis internes et son rôle dans la sécurité du Sahel.