crise-du-logement--le-dalo-peine-a-repondre-aux-besoins-croissants

Crise du logement : le DALO peine à répondre aux besoins croissants

 • 0 views

En 2023, les recours DALO ont atteint un niveau record, mais les attributions de logements ont diminué. Plus de 100 000 ménages prioritaires sont toujours en attente, révélant les limites du système.

La crise du logement en France s'aggrave, comme le révèlent les derniers chiffres publiés par le Haut Comité pour le droit au logement. En 2023, un nombre sans précédent de 109 546 ménages ont fait appel au dispositif du Droit au logement opposable (DALO), marquant une augmentation de 4,2% par rapport à l'année précédente. Ce mécanisme, instauré par la loi du 5 mars 2007, vise à garantir un logement décent aux personnes en difficulté.

Parmi ces demandeurs, 36 532 ont été reconnus prioritaires, soit un taux de 33,8%. Cependant, seuls 21 665 ménages ont effectivement obtenu un logement, ce qui représente une baisse de 9% par rapport à 2022. René Dutrey, secrétaire général du Haut Comité, souligne que c'est la première diminution depuis la création du DALO, hors période de crise sanitaire.

Cette situation s'explique en partie par la réduction globale des attributions de logements sociaux, due à la baisse de la construction neuve et à la diminution du taux de rotation dans le parc social. Néanmoins, les ménages DALO semblent particulièrement affectés. Alors qu'ils devraient bénéficier de 25% des attributions, ils n'en ont reçu que 4,8% en 2023, en deçà des 4,9% de l'année précédente.

La liste d'attente des ménages prioritaires DALO s'est considérablement allongée, dépassant désormais les 100 000. Pour 90% d'entre eux, le délai légal d'attribution, fixé entre trois et six mois selon les départements, est dépassé. Cette situation met en lumière l'écart croissant entre les besoins en logement et les solutions apportées par l'État.

Le cas d'Emilie illustre les difficultés rencontrées par de nombreux demandeurs. Reconnue DALO en 2013, elle attend toujours une proposition de logement après 11 ans. Son studio parisien s'est dégradé au fil du temps, avec des problèmes de fissures, d'infestation de souris et de chauffage défectueux. Sa situation est d'autant plus précaire qu'elle souffre d'un handicap lié à un Covid long.

Il est important de noter que le mal-logement touche environ 4 millions de personnes en France, et que le nombre de sans-abri était estimé à 300 000 en 2022. La crise du logement affecte particulièrement les grandes villes, où la demande est forte et l'offre insuffisante.

Malgré les efforts déployés, le système DALO peine à répondre efficacement aux besoins croissants. Le budget du ministère du Logement, représentant environ 1% du budget de l'État en 2023, semble insuffisant face à l'ampleur du problème. La construction de logements neufs a diminué de 22% en 2023 par rapport à 2022, aggravant encore la situation.

Pour remédier à cette crise, des solutions innovantes sont nécessaires. La mobilisation des 3,1 millions de logements vacants estimés en 2023 pourrait être une piste à explorer. De plus, le renforcement de l'application de la loi SRU, qui impose aux communes un quota de logements sociaux, pourrait contribuer à augmenter l'offre de logements abordables.

En attendant des améliorations significatives, des milliers de ménages comme celui d'Emilie continuent de vivre dans des conditions précaires, malgré la reconnaissance de leur droit à un logement décent. Cette situation souligne l'urgence d'une action concertée pour faire du droit au logement une réalité pour tous.

"Alors qu'ils sont censés bénéficier de 25 % des attributions et être les ménages les plus prioritaires parmi les ménages prioritaires, ils n'ont représenté que 4,8 % des attributions en 2023, en deçà des 4,9 % de 2022. Pourtant, plus de la moitié de ces ménages ont des ressources égales ou supérieures au smic."

René Dutrey, secrétaire général du Haut Comité pour le droit au logement

Angelique Labbé

Économie