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Coût de la vie étudiante : le modèle français remis en question

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L'augmentation du coût de la vie étudiante en France soulève des interrogations sur l'efficacité du système d'aides actuel. Une comparaison avec les pays nordiques révèle des approches différentes pour lutter contre la précarité.

L'Union nationale des étudiants de France (Unef) vient de publier son rapport annuel sur le coût de la vie étudiante, révélant une hausse de 2,25% pour la rentrée 2024. Bien que moins importante que l'année précédente (+6,47% en 2023), cette augmentation s'inscrit dans une tendance inquiétante, avec une hausse cumulée de 27,76% depuis 2017.

Cette situation met en lumière les limites du système français d'aides aux étudiants, basé sur une logique "familialisée". Ce modèle, qui considère les étudiants comme des enfants à charge de leurs parents, se traduit par des bourses dépendant des revenus parentaux et des aides fiscales aux familles.

Le système français contraste fortement avec celui des pays nordiques, où l'accès à la citoyenneté sociale est "individualisé" dès 18 ans. Dans ces pays, les aides ne dépendent pas des ressources parentales et la quasi-totalité des étudiants peut en bénéficier, contre seulement un tiers en France pour le premier cycle.

"En France, environ 38% des étudiants bénéficient d'une bourse sur critères sociaux, tandis qu'au Danemark, tous les étudiants reçoivent une bourse universelle appelée 'SU'."

Comparaison des systèmes d'aides étudiantes

Contrairement aux idées reçues, une étude récente suggère que les pays reconnaissant le statut d'adulte des jeunes présentent les niveaux les plus bas de privation matérielle et de pauvreté "subjective" chez les étudiants en Europe. Ce constat remet en question l'efficacité de la stratégie "Robin des bois" à la française, qui vise à donner plus à ceux qui ont moins.

Il est intéressant de noter que le concept de "familialisme" dans les politiques sociales, théorisé par le sociologue Gøsta Esping-Andersen, semble moins efficace pour améliorer les conditions de vie des jeunes que l'approche individualisée. Cette dernière, adoptée par des pays comme la Suède, où les étudiants peuvent recevoir une aide financière jusqu'à 56 ans, offre une plus grande flexibilité et autonomie.

La France pourrait s'inspirer de certaines pratiques nordiques pour réformer son système. Par exemple, la Finlande propose une allocation logement en plus de la bourse d'études, tandis que la Norvège offre des prêts partiellement convertibles en bourses selon les résultats académiques.

Il est crucial de repenser le modèle français pour mieux répondre aux besoins des étudiants et réduire la précarité. Le taux de pauvreté des jeunes en France (12,5%) comparé à celui du Danemark (3,3%) illustre l'urgence de cette réforme.

En conclusion, bien que contre-intuitive, l'approche individualisée des pays nordiques semble plus efficace pour combattre la précarité étudiante. La France gagnerait à s'inspirer de ces modèles pour moderniser son système d'aides et mieux soutenir sa population étudiante face aux défis économiques actuels.