Le géant automobile Stellantis entre dans une nouvelle ère avec l'annonce du départ de son directeur général, Carlos Tavares, prévu pour janvier 2026. Cette décision marque un tournant significatif pour le quatrième constructeur automobile mondial, qui fait face à des défis croissants dans un secteur en pleine mutation.
Carlos Tavares, âgé de 66 ans, est à la tête de l'entreprise depuis mars 2014, bien avant la fusion qui a donné naissance à Stellantis en 2021. Sous sa direction, le groupe a connu des années de succès, mais se trouve aujourd'hui confronté à une réalité de marché plus difficile. La stratégie de réduction drastique des coûts et de vente de véhicules plus onéreux, qui a longtemps porté ses fruits, montre désormais ses limites.
Face à ces défis, le conseil d'administration de Stellantis a déjà entamé la recherche d'un successeur et procédé à des changements au sein de l'équipe dirigeante. Les directions des finances, de l'Europe et de l'Amérique du Nord, deux régions où le groupe rencontre des difficultés, ont été confiées à des proches collaborateurs de Tavares. Ces modifications visent à améliorer les performances de l'organisation dans un contexte que le PDG sortant qualifie de "phase darwinienne" pour l'industrie automobile.
Les défis auxquels Stellantis est confronté sont multiples. Le groupe a vu ses ventes chuter de 18% en Amérique du Nord au premier semestre 2024, une région qui représentait auparavant la moitié de ses bénéfices. Cette baisse s'accompagne d'une accumulation des stocks, signe d'une demande en berne. En Europe, le passage au véhicule électrique se heurte à des résistances, avec un ralentissement des ventes dans des marchés clés comme l'Allemagne, la France et l'Italie.
La concurrence chinoise représente une menace croissante. Les constructeurs chinois, dominants dans les technologies de batteries et de logiciels, accélèrent leur transition vers le véhicule électrique et cherchent à gagner des parts de marché en Europe avec des marques comme BYD ou MG.
Face à ces défis, Stellantis a dû revoir ses objectifs à la baisse. Carlos Tavares a annoncé fin septembre 2024 une réduction de la marge du groupe, prévue entre 5,5% et 7% pour 2025, contre 14,4% en 2024. Cette baisse de rentabilité s'inscrit dans un contexte difficile pour l'ensemble du secteur, avec d'autres grands constructeurs comme Volkswagen, BMW et Mercedes également en difficulté.
"Et ce n'est probablement pas fini"
Malgré ces difficultés, Stellantis dispose d'atouts pour l'avenir. Le groupe a annoncé un plan d'investissement de 30 milliards d'euros dans l'électrification jusqu'en 2025 et vise à ce que 70% de ses ventes en Europe et 40% aux États-Unis soient des véhicules à faibles émissions d'ici 2030. L'entreprise a également créé une nouvelle unité dédiée à l'économie circulaire et s'est engagée à devenir neutre en carbone d'ici 2038.
Le successeur de Carlos Tavares aura la lourde tâche de naviguer dans ces eaux tumultueuses et de renouer avec le succès. Il devra s'appuyer sur les forces du groupe, notamment sa présence industrielle dans plus de 30 pays et ses investissements dans l'innovation, tout en relevant les défis posés par la transformation du secteur automobile.
Alors que l'industrie automobile entre dans une phase cruciale de son histoire, l'avenir de Stellantis dépendra de sa capacité à s'adapter rapidement aux nouvelles réalités du marché et à tirer parti de ses nombreux atouts pour rester compétitif face à une concurrence de plus en plus féroce.