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Cachemire : Premières élections en 10 ans, un test crucial pour Modi

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Le Cachemire a voté pour la première fois en une décennie, mettant à l'épreuve la politique de Modi. Ces élections surviennent après des changements controversés et une campagne de modification démographique.

Le 1er octobre 2024, le Cachemire a connu un événement historique : ses premières élections locales en dix ans. Ce scrutin, ordonné par la Cour suprême indienne, représente un test crucial pour le Premier ministre Narendra Modi, cinq ans après sa reprise en main controversée de cette région himalayenne.

Le Cachemire, seule région à majorité musulmane de l'Inde, a une histoire complexe et mouvementée. Disputée depuis la partition de l'Inde en 1947, cette région montagneuse est divisée entre l'Inde, le Pakistan et la Chine. Surnommée "le paradis sur terre" pour ses paysages pittoresques, elle est également connue pour son safran réputé et sa riche tradition artisanale.

Le 5 août 2019, Modi a abrogé unilatéralement l'article 370 de la Constitution, qui accordait une large autonomie au Cachemire depuis 1949. Cette décision a été suivie d'un black-out des communications et d'un déploiement massif de forces de sécurité. Le Cachemire a été divisé en deux entités administratives : le Jammu-et-Cachemire et le Ladakh, rétrogradés au rang de territoires de l'Union indienne.

Cette décision s'inscrit dans une politique plus large visant à modifier la composition démographique de la région. Le gouvernement a levé l'interdiction pour les non-Cachemiris d'acquérir des terres, de postuler à des emplois et de voter dans la région. Cette stratégie d'hindouisation est un objectif de longue date de l'extrême droite indienne.

La Fédération internationale pour les droits humains a publié un rapport alarmant sur la situation au Cachemire. Selon ce document, une campagne de confiscation de terres lancée en 2023 a touché une surface équivalente à celle de Hong Kong. Des milliers de Cachemiris ont été expulsés et leurs biens détruits. Parallèlement, les autorités ont favorisé le développement du tourisme religieux hindou et projettent de doubler la population de Srinagar d'ici 2035.

Ces changements s'opèrent dans une région déjà marquée par des décennies de conflit. Le Cachemire a connu plusieurs guerres entre l'Inde et le Pakistan, ainsi qu'une insurrection séparatiste depuis les années 1980. La région, stratégiquement importante, est également une source cruciale d'eau pour l'Inde et le Pakistan.

"Le Cachemire en a assez de Modi. Nous avons besoin d'un changement qui ne se produira que si nous avons notre propre gouvernement."

Un électeur cachemiri exprime son mécontentement

Ces élections interviennent dans un contexte de tensions persistantes. Malgré les promesses de paix et de développement, de nombreux Cachemiris restent sceptiques quant aux intentions du gouvernement central. La région, qui abrite une population d'environ 12 millions d'habitants, continue de faire face à des défis économiques et sécuritaires importants.

L'avenir du Cachemire reste incertain. Alors que le gouvernement indien poursuit sa politique de transformation, la population locale lutte pour préserver son identité culturelle et linguistique unique. Le cachemiri, langue principale de la région, et les traditions littéraires riches font partie intégrante de ce patrimoine menacé.

Ces élections marqueront-elles un tournant dans l'histoire tumultueuse du Cachemire ? Seul le temps nous le dira. Ce qui est certain, c'est que le résultat de ce scrutin aura des répercussions bien au-delà des frontières de cette région montagneuse, influençant potentiellement l'équilibre politique et sécuritaire de toute l'Asie du Sud.