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Budget 2025 : La France face à un nouveau tournant de rigueur

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Le gouvernement français présente un budget d'austérité pour 2025, visant à réduire le déficit public. Des mesures controversées soulèvent des défis politiques majeurs pour son adoption.

La France se trouve à un tournant économique crucial, rappelant le virage de rigueur imposé à François Mitterrand il y a quatre décennies. Le 10 octobre 2024, le nouveau ministre de l'Économie, Antoine Armand, et son collègue chargé du budget, Laurent Saint-Martin, ont dévoilé un projet de budget pour 2025 marqué par l'austérité.

Ce plan budgétaire, estimé à 2% du produit intérieur brut (PIB) en un an, vise à redresser les comptes publics après la période du "quoi qu'il en coûte". Parmi les mesures phares, on trouve une ponction de 8 milliards d'euros sur les grandes entreprises, 2 milliards sur les très hauts revenus, et un gel de six mois des pensions de retraite. Le gouvernement prévoit également d'augmenter les cotisations sociales de 4 milliards d'euros et d'introduire une taxe sur les rachats d'actions.

L'objectif principal est de ramener le déficit public à 5% du PIB en 2025, contre 6,1% prévus pour 2024. Cependant, le Haut Conseil des finances publiques, une institution indépendante créée en 2012, a exprimé des doutes quant à la faisabilité de cet objectif, citant des hypothèses trop optimistes.

Antoine Armand reconnaît la difficulté de la tâche : "Évidemment, ce sera difficile. Cela implique de bousculer nos pratiques." Le défi majeur sera de faire adopter ce projet par le Parlement, dans un contexte politique tendu.

Eric Coquerel, président de la commission des finances à l'Assemblée nationale et membre de La France insoumise, s'oppose fermement à ce qu'il qualifie de budget "austéritaire". Il souhaite le réécrire pour le rendre "NFP [Nouveau Front populaire] compatible", avec "plus de justice fiscale et plus de recettes pour l'État".

La droite et certains macronistes contestent également les hausses d'impôts prévues. L'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale, qui nécessite 289 sièges sur 577, complique davantage l'adoption du texte.

Face à ces obstacles, le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, pourrait envisager d'utiliser l'article 49.3 de la Constitution, permettant l'adoption d'un texte sans vote, ou de recourir à des ordonnances pour contourner le Parlement.

"Évidemment, ce sera difficile. Cela implique de bousculer nos pratiques."

Antoine Armand, ministre de l'Économie :

Ce budget de rigueur marque un changement radical par rapport aux politiques précédentes. Il prévoit notamment un durcissement de l'écotaxe automobile et envisage la suppression d'environ 2 200 postes au sein de l'État et de ses opérateurs en 2025, une première depuis longtemps.

L'examen du budget par l'Assemblée nationale, qui débute le 11 octobre 2024, s'annonce particulièrement tendu. Certains au gouvernement anticipent même un processus "cauchemardesque".

Ce tournant budgétaire intervient dans un contexte où la France n'a pas connu de budget équilibré depuis 1974, soulignant l'ampleur du défi à relever. La réussite de ce plan d'austérité pourrait avoir des répercussions significatives sur l'avenir économique et politique du pays.