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Barnier dévoile sa stratégie sur l'immigration, entre pragmatisme et fermeté

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Michel Barnier présente l'immigration comme priorité, proposant des mesures sur la rétention des étrangers irréguliers. Son approche contraste avec celle de son ministre de l'Intérieur, suscitant débats et critiques.

Dans une déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale le 1er octobre 2024, Michel Barnier, Premier ministre français, a placé l'immigration au cœur de ses priorités gouvernementales. Cette annonce s'inscrit dans un contexte politique tendu, marqué par des divergences au sein même du gouvernement.

Michel Barnier, figure politique expérimentée née en 1951, a adopté une approche pragmatique sur cette question sensible. Ancien ministre des Affaires étrangères et négociateur en chef de l'UE pour le Brexit, Barnier a souligné l'importance du "respect de l'État de droit" dans la gestion de l'immigration. Cette position contraste nettement avec celle de son ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui a récemment fait des déclarations controversées remettant en question l'intangibilité de l'État de droit.

Le Premier ministre a proposé une mesure visant à "faciliter la prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière". Cette proposition fait suite à un tragique incident survenu le 21 septembre 2024, où une étudiante a été assassinée dans le bois de Boulogne, un parc parisien de 846 hectares. Le principal suspect, un ressortissant marocain précédemment condamné pour viol, avait été libéré d'un centre de rétention administrative (CRA) trois semaines avant le crime, faute de laissez-passer consulaire.

Actuellement, la durée maximale de rétention administrative en France est de 90 jours, ayant été augmentée de 45 jours en 2018. La proposition de Barnier pourrait impliquer soit un assouplissement des critères de prolongation, soit une extension de cette durée à 120 jours. Cependant, cette mesure suscite déjà des critiques. Un cadre anonyme de la police nationale doute de son efficacité, arguant qu'elle pourrait réduire le nombre de personnes placées en CRA. Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de la Cimade, une association de solidarité avec les migrants, estime que cette mesure n'aura pas d'impact significatif sur les expulsions.

Il est important de noter que le taux d'exécution des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) reste faible, environ 15% en moyenne. De plus, la suppression du délit de séjour irrégulier en 2012 complique davantage la situation.

Le débat sur l'immigration en France reste complexe, touchant à des questions telles que l'Aide Médicale d'État (AME) pour les étrangers en situation irrégulière et la régularisation des sans-papiers. Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat depuis 2014, a exprimé son souhait de légiférer sur ces questions, proposant notamment le rétablissement du délit de séjour irrégulier.

Pour mettre en œuvre ces changements, le gouvernement devra passer par la voie législative. Avec 577 députés à l'Assemblée nationale, le chemin vers l'adoption de ces mesures promet d'être parsemé de débats intenses et de négociations difficiles.

"Nous proposerons de faciliter la prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière"

Michel Barnier, Premier ministre français

En conclusion, la stratégie de Michel Barnier sur l'immigration reflète une tentative d'équilibre entre fermeté et respect des principes démocratiques. Cependant, les défis restent nombreux, tant sur le plan politique que pratique, pour réformer efficacement la politique migratoire française.