La Cour des comptes critique la gestion de l'hébergement des sans-abri en France

La Cour des comptes dénonce la gestion inefficace de l'hébergement des sans-abri par l'État français. Malgré l'augmentation des crédits, le rapport souligne un manque de stratégie et une budgétisation insuffisante.

1 octobre 2024, 17:45  •  31 vues

La Cour des comptes critique la gestion de l'hébergement des sans-abri en France

La Cour des comptes, institution française créée en 1807, vient de publier un rapport critique sur la politique d'hébergement des sans-abri en France. Ce document, intitulé "Les relations entre l'État et les gestionnaires de structures d'hébergement", met en lumière les défaillances de l'État dans sa gestion de cette problématique sociale majeure.

Malgré une augmentation significative des moyens alloués, avec des crédits triplés en dix ans pour atteindre 3,2 milliards d'euros en 2023, et un nombre de places d'hébergement porté à 334 000, la situation reste préoccupante. Le rapport souligne que l'État ne remplit pas correctement sa mission, qui consiste à définir une stratégie claire et à assurer un pilotage efficace de ses partenaires.

La Cour des comptes critique notamment la gestion séparée de deux parcs d'hébergement : celui des demandeurs d'asile et l'hébergement généraliste, basé sur le principe d'accueil inconditionnel. Cette approche cloisonnée ne permet pas une gestion optimale des ressources.

La politique du "logement d'abord", lancée en 2017 et visant à faciliter l'accès direct des sans-abri au logement, ne concerne qu'une petite partie de l'hébergement généraliste. Le rapport déplore l'absence d'objectifs stratégiques clairs pour le parc d'urgence, pourtant en forte croissance.

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La Cour des comptes pointe également du doigt une gestion à court terme, inadaptée face à l'augmentation constante des besoins. Cette approche, qualifiée de "gestion d'urgences temporaires", ne tient pas compte de la réalité d'un phénomène qui ne cesse de s'intensifier.

Le rapport met en évidence une "insuffisance chronique de la budgétisation" qui perdure depuis quinze ans. Cette situation est d'autant plus préoccupante que le nombre de sans-abri en France était estimé à environ 300 000 en 2022, et que le pays compte près de 4 millions de mal-logés.

Face à ces constats, il est urgent de repenser la stratégie nationale en matière d'hébergement des sans-abri. La mise en place d'une politique de prévention efficace, l'amélioration de la coordination entre les différents acteurs, et une budgétisation plus réaliste apparaissent comme des pistes essentielles pour répondre à ce défi majeur.

"Cette politique sur le mode de la gestion d'urgences temporaires a jusqu'à ce jour été pilotée comme si les flux pouvaient s'inverser ou se tarir, alors qu'ils n'ont fait que se consolider et s'intensifier."

La Cour des comptes conclut :

Il est important de rappeler que la France a signé la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui inclut le droit au logement. Des initiatives comme le droit au logement opposable (DALO), instauré en 2007, ou le plan quinquennal pour le Logement d'abord (2018-2022), témoignent d'une volonté d'agir, mais leur mise en œuvre reste insuffisante face à l'ampleur du problème.

La crise économique de 2008 et la récente pandémie de COVID-19 ont aggravé la situation, rendant encore plus urgent le besoin d'une réponse structurelle et pérenne. Le rapport de la Cour des comptes souligne la nécessité d'une approche globale, intégrant non seulement l'hébergement d'urgence, mais aussi des solutions de logement à long terme et des mesures de prévention efficaces.