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Atlasea : la quête du grand atlas génomique marin français

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Le programme Atlasea vise à séquencer 4500 génomes d'organismes marins des eaux françaises. Une mission ambitieuse qui mobilise chercheurs et technologies de pointe pour cartographier la biodiversité génétique marine.

Dans la pittoresque baie de Dinard, en Bretagne, une mission scientifique d'envergure est en cours. Le programme Atlasea, piloté par le CNRS et le CEA, ambitionne de créer une banque de données génomiques de 4500 organismes marins eucaryotes présents dans les eaux françaises.

La première campagne DIVE-Sea, menée du 24 juin au 7 juillet 2024, a mobilisé une équipe de 80 personnes le long du littoral breton, de Cancale au cap Fréhel. À bord du chalutier Louis-Fage, Jézabel Lamoureux, technicienne de la station du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) de Dinard, dirige les opérations de prélèvement.

Les échantillons collectés révèlent une biodiversité marine riche : crabes, poissons juvéniles, mollusques et zostères émergent des sédiments. Chaque spécimen unique sera soumis à un séquençage ADN minutieux, contribuant à l'élaboration de "génomes de référence".

Ce projet s'inscrit dans un contexte plus large de cartographie génétique du vivant. Comme le souligne Hugues Roest Crollius, directeur de recherche au CNRS et copilote d'Atlasea : "Le grand atlas des génomes du vivant reste encore à dessiner". Cette initiative fait écho au séquençage du génome humain, achevé après des décennies d'efforts et un investissement de 3 milliards de dollars.

La complexité du séquençage génomique est considérable. Pour le génome humain, composé de 3,1 milliards de paires de bases (A, T, C, G), les chercheurs ont dû décoder l'intégralité des 23 paires de chromosomes, des centromères aux télomères.

Atlasea représente un défi similaire pour la biodiversité marine. Les eucaryotes, organismes dont les cellules possèdent un noyau, sont au cœur de cette étude. La diversité des espèces, allant des zostères formant des herbiers sous-marins aux diverses créatures marines, nécessite une approche multidisciplinaire.

La collaboration entre institutions est cruciale. Le CNRS, le CEA et le MNHN unissent leurs forces, mobilisant des experts en taxinomie, bio-informatique et génétique. Cette synergie est essentielle pour surmonter les défis techniques et scientifiques du séquençage à grande échelle.

L'importance d'Atlasea dépasse le cadre scientifique. En cartographiant la biodiversité génétique marine française, ce projet contribue à la compréhension et à la préservation des écosystèmes océaniques, cruciaux pour l'équilibre planétaire.

Alors que le Louis-Fage poursuit sa mission dans les eaux bretonnes, chaque échantillon prélevé rapproche les scientifiques de leur objectif : constituer un atlas génomique marin complet, ouvrant la voie à de nouvelles découvertes et à une meilleure gestion de nos océans.

Angelique Labbé