Pesticides interdits détectés chez des enfants près de La Rochelle

Une étude révèle la présence de pesticides, dont certains interdits, chez des enfants de la plaine d'Aunis. L'inquiétude grandit face à l'augmentation des cas de cancers pédiatriques dans cette région agricole.

12 octobre 2024, 04:31  •  30 vues

Pesticides interdits détectés chez des enfants près de La Rochelle

Dans la plaine d'Aunis, région agricole proche de La Rochelle, une inquiétude grandissante s'empare des familles. Des analyses récentes ont révélé la présence de pesticides, y compris certains interdits depuis longtemps, dans les cheveux et les urines d'enfants de la région.

L'association Avenir Santé Environnement, créée en 2018 suite au diagnostic de cancer d'une adolescente nommée Pauline, a initié ces analyses pour 72 enfants âgés de 3 à 17 ans dans six communes de la plaine d'Aunis. Les résultats, qui seront présentés publiquement le 12 octobre 2024, sont alarmants.

Quatorze molécules différentes ont été détectées dans les urines et quarante-cinq dans les cheveux des enfants testés. Parmi ces substances, certaines sont particulièrement préoccupantes. Le phtalimide, produit de dégradation du folpel, un fongicide potentiellement cancérigène, a été trouvé dans les urines de plus de 15% des enfants. La pendiméthaline, un herbicide associé à des risques de cancer du pancréas et colorectal, était présente dans 20% des échantillons de cheveux.

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Plus inquiétant encore, des pesticides interdits ont été détectés. L'atrazine, interdite depuis 2004 en raison de ses effets perturbateurs endocriniens et neurotoxiques, et le dieldrin, banni dans les années 1970 pour son potentiel cancérigène, ont été retrouvés. Ces découvertes soulignent la persistance de ces substances dans l'environnement, même des décennies après leur interdiction.

Cette situation s'inscrit dans un contexte déjà tendu. En 2018, le CHU de Poitiers avait lancé une alerte concernant des cas de cancers pédiatriques à Saint-Rogatien, une commune voisine. L'année suivante, le décès de Pauline, une adolescente de 15 ans de cette même commune, avait renforcé les craintes.

Les analyses de cheveux et d'urine sont des outils précieux pour évaluer l'exposition aux toxines. Les cheveux peuvent révéler une exposition à long terme, tandis que l'urine reflète généralement une exposition plus récente. La présence de ces substances chez les enfants soulève des questions sur les effets potentiels à long terme sur leur santé.

Face à ces résultats, une marche est organisée à La Rochelle le 12 octobre 2024, appelant à une "véritable transition agricole" et à un "plan de sortie des pesticides de synthèse". Cette mobilisation met en lumière les défis de l'agriculture intensive et la nécessité de développer des pratiques plus durables et respectueuses de l'environnement.

La situation dans la plaine d'Aunis illustre les enjeux complexes liés à l'utilisation des pesticides en agriculture. Alors que ces produits ont longtemps été considérés comme essentiels pour assurer la productivité agricole, leurs impacts sur la santé humaine et l'environnement soulèvent de plus en plus de préoccupations.

"Je savais qu'il y en aurait. A chaque fois qu'il y a des épandages, on le sent dans la maison."

Noé Gülbol, adolescent de 14 ans

Cette découverte de pesticides chez les enfants de la plaine d'Aunis souligne l'urgence d'une réflexion approfondie sur nos pratiques agricoles et notre relation à l'environnement. Elle rappelle également l'importance de la vigilance et de la recherche continue pour protéger la santé des populations, en particulier celle des plus jeunes.