La Californie intensifie ses efforts face à la crise des sans-abri

Suite à une décision de la Cour suprême, la Californie prend des mesures pour réduire le nombre de sans-abri. Malgré des investissements massifs, le problème persiste dans l'État le plus peuplé des États-Unis.

1 octobre 2024, 01:03  •  0 vues

La Californie intensifie ses efforts face à la crise des sans-abri

La Californie, l'État le plus peuplé des États-Unis, fait face à une crise persistante des sans-abri. Une récente décision de la Cour suprême a marqué un tournant dans la gestion de cette problématique, permettant aux municipalités de l'Ouest américain de démanteler les campements de rue.

Fin juin 2024, la Cour suprême des États-Unis, composée de neuf juges, a statué qu'il n'existait aucun droit constitutionnel à dormir dans la rue. Cette décision renverse une jurisprudence de 2019 qui interdisait aux villes de criminaliser le fait de dormir dans un lieu public sans proposer d'alternative d'hébergement. Le 8e amendement de la Constitution américaine, ratifié en 1791, qui prohibe les châtiments "cruels et inhabituels", a été jugé inapplicable à la situation des sans-abri.

La Californie, surnommée le Golden State, compte environ 186 000 personnes sans domicile fixe, soit un tiers du total national. Malgré son statut d'État ayant la plus grande économie parmi les États américains, la Californie affiche paradoxalement l'un des taux de pauvreté les plus élevés du pays.

Gavin Newsom, gouverneur de Californie depuis 2019 et figure de proue de la gauche progressiste américaine, a réagi promptement à cette décision. Fin juillet 2024, il a ordonné l'élimination des tentes installées sur les terrains appartenant à l'État, incluant les parcs, les plages, et les zones sous les échangeurs d'autoroutes. La Californie, qui compte plus de 280 parcs d'État et nationaux, voit ainsi une partie de ses espaces publics concernés par cette mesure.

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Le gouverneur a lui-même participé à une opération de nettoyage sous un pont d'autoroute, démontrant son engagement personnel dans cette initiative. Cette action s'inscrit dans un contexte où la Californie a déjà investi massivement, consacrant environ 24 milliards de dollars à la résolution de la question des sans-abri depuis 2019.

Malgré ces efforts considérables, les résultats restent mitigés. Le recensement effectué en janvier 2024 a révélé une légère augmentation du nombre de sans-abri par rapport à 2023, avec 5 000 personnes supplémentaires dans la rue.

À Los Angeles, deuxième plus grande ville des États-Unis, Karen Bass, première femme maire de la ville, s'efforce de trouver des solutions. Le 26 septembre 2024, elle a été photographiée dans un campement de rue, promouvant le programme "Inside Safe" qui offre le relogement de sans-abri dans des hôtels.

La persistance de cette crise s'explique en partie par le coût de la vie élevé dans les grandes villes californiennes, notamment à San Francisco. La Silicon Valley, centre mondial de la technologie, et l'industrie du divertissement à Hollywood, qui génèrent des milliards de dollars, contrastent fortement avec la réalité des personnes sans abri.

La Californie, leader en matière de politiques environnementales et premier producteur agricole des États-Unis, se trouve ainsi confrontée à un défi social majeur. Alors que l'État possède le plus grand système universitaire public du pays et le plus grand nombre d'électeurs du collège électoral américain, la résolution de la crise des sans-abri reste une priorité urgente pour ses dirigeants.

"Nous devons procéder humainement : les expulsés doivent être prévenus de quarante-huit à soixante-douze heures à l'avance, être mis en relation avec les services sociaux, et leurs biens personnels être étiquetés et conservés pendant au moins soixante jours."

Gavin Newsom, gouverneur de Californie :

Cette approche, bien que controversée, témoigne de la complexité de la situation et de la nécessité de trouver un équilibre entre le respect des droits individuels et la gestion de l'espace public. La Californie, qui a connu une ruée vers l'or au milieu du 19e siècle et a légalisé le cannabis récréatif en 2016, se trouve aujourd'hui face à un nouveau défi social d'envergure.