Inquiétudes sur l'avenir du financement des infrastructures cyclables en France

Les fournisseurs de services cyclables et les élus locaux s'inquiètent du ralentissement des projets et de l'incertitude des financements étatiques pour les infrastructures vélo en France.

3 octobre 2024, 08:50  •  0 vues

Inquiétudes sur l'avenir du financement des infrastructures cyclables en France

L'industrie du vélo en France traverse une période d'incertitude. Alors que Corinne Verdier, dirigeante d'Altinova, fabricant d'arceaux de stationnement, constate un "attentisme des collectivités locales", Amira Haberah, cofondatrice de Fifteen, observe des retards dans les appels d'offres. Ces témoignages reflètent une préoccupation croissante dans le secteur cyclable.

Depuis 2019, les collectivités locales bénéficiaient d'un soutien financier important de l'État pour développer les infrastructures cyclables. Le "fonds mobilités actives", doté de 250 millions d'euros annuels, a permis la réalisation de nombreux projets urbains et ruraux. Cependant, le dernier appel à projets, lancé fin 2023 pour 125 millions d'euros, n'a pas abouti, laissant 400 dossiers en suspens.

Françoise Rossignol, vice-présidente de la communauté urbaine d'Arras et présidente du Club des villes et territoires cyclables et marchables, exprime son inquiétude face aux "coupes drastiques dans le budget de la mobilité". Elle souligne l'importance de lancer les projets rapidement, car "on ne donne pas de coup de pioche dans la voirie à quelques mois des municipales".

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Le développement du cyclisme en France s'inscrit dans une histoire riche. Depuis l'invention du vélo en 1817 par Karl von Drais, ce mode de transport n'a cessé d'évoluer. La France compte aujourd'hui plus de 40 000 km de voies cyclables, et Paris seule dispose de plus de 1000 km de pistes cyclables. Le cyclisme est devenu le troisième sport le plus pratiqué dans le pays.

L'impact économique et environnemental du vélo est considérable. Le marché du vélo en France représente plus de 3 milliards d'euros en 2024, et la pratique du vélo réduit les émissions de CO2 de 5 millions de tonnes par an en Europe. De plus, le vélo cargo a connu une croissance impressionnante de 354% entre 2019 et 2023.

Le "Plan Vélo" national français vise ambitieusement une part modale du vélo de 9% d'ici fin 2024. Cependant, l'incertitude actuelle concernant les financements pourrait compromettre cet objectif. Les élus locaux, réunis au salon European Mobility Expo à Strasbourg jusqu'au 3 octobre 2024, craignent que le gel des engagements de l'État ne retarde significativement les projets cyclables.

L'exemple de la communauté urbaine d'Arras illustre cette problématique. Un projet de piste cyclable de 3,5 kilomètres, d'un coût de 2,3 millions d'euros, attend toujours une réponse pour une contribution étatique de 890 000 euros.

"Si les projets ne démarrent pas aujourd'hui, ils ne se feront pas avant la fin du mandat."

Françoise Rossignol, vice-présidente de la communauté urbaine d'Arras

Cette situation soulève des questions sur l'avenir des infrastructures cyclables en France. Alors que la pratique régulière du vélo réduit de 50% le risque de maladies cardiaques et que la bicyclette est reconnue comme le moyen de transport le plus efficace énergétiquement, le soutien continu aux projets cyclables apparaît crucial pour la santé publique et l'environnement.