Fraude électorale à Marseille : procès de conseillers de gauche

Deux conseillers municipaux de gauche et une ancienne candidate jugés à Marseille pour 117 procurations irrégulières lors des élections de 2020. Le procureur requiert des peines de prison avec sursis et d'inéligibilité.

9 octobre 2024, 19:22  •  0 vues

Fraude électorale à Marseille : procès de conseillers de gauche

Dans le cadre d'une affaire de fraude électorale à Marseille, deux conseillers municipaux de la majorité actuelle (divers gauche) et une ancienne candidate ont comparu devant le tribunal les 8 et 9 octobre 2024. Cette affaire concerne l'établissement de 117 procurations irrégulières lors des élections municipales de 2020, mettant en lumière les pratiques douteuses qui persistent dans la deuxième plus grande ville de France.

Les prévenus, Marguerite Pasquini, 74 ans, et Roland Cazzola, 61 ans, sont des fidèles de Samia Ghali, ancienne sénatrice des Bouches-du-Rhône de 2008 à 2017 et actuelle maire adjointe de Benoit Payan. La troisième prévenue, Patricia Aharonian, était absente pour raisons médicales. Ces élections ont vu l'émergence du Printemps marseillais, une coalition de gauche et écologiste formée en 2019, qui a conduit à l'élection de Michèle Rubirola comme première femme maire de Marseille.

Le procureur Jean-Yves Lourgouilloux a évoqué un "système" contribuant à "la dégradation de la confiance des citoyens dans la vie publique" et servant de marchepied au clientélisme. Il a requis six mois de prison avec sursis, une amende de 2 000 euros et deux ans d'inéligibilité contre Mme Pasquini. Cette dernière aurait déposé au commissariat du 15e arrondissement des procurations préremplies avec la photocopie de la carte d'identité des électeurs.

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"Quelle est la liberté d'une personne qui recherche un logement, un emploi de refuser de signer un formulaire ?"

Le procureur Jean-Yves Lourgouilloux a déclaré :

Cette affaire met en lumière les problèmes récurrents de clientélisme et de fraude électorale à Marseille, une ville divisée en 16 arrondissements municipaux depuis la loi PLM de 1982. Les 15e et 16e arrondissements, situés dans les quartiers Nord, sont particulièrement touchés par des problèmes socio-économiques et de sécurité.

L'implication présumée du commandant Henri Gil, décédé en avril 2024, soulève des questions sur le rôle de la police dans cette affaire. En tant que numéro trois de la Division Nord, il aurait facilité la validation des procurations irrégulières, contournant ainsi la légalité qui exige la présence du mandant devant un officier de police judiciaire (OPJ).

Cette affaire intervient après un procès similaire impliquant des élus de droite fin septembre 2023, soulignant que la fraude électorale transcende les clivages politiques. Elle met en évidence les défis persistants pour garantir l'intégrité des élections à Marseille, où le taux de participation aux municipales de 2020 n'était que d'environ 32% au premier tour.

La fraude électorale, passible de peines d'emprisonnement et d'amendes en France, continue de miner la confiance des citoyens dans le système démocratique. L'issue de ce procès pourrait avoir des répercussions importantes sur la vie politique marseillaise et la lutte contre le clientélisme dans la cité phocéenne.