Défis de coordination pour le nouveau gouvernement français en santé
Marie-Claire Carrère-Gée fait face à des défis de coordination gouvernementale, notamment sur l'AME et les médecins étrangers. Le système de santé français dépend de plus en plus des praticiens formés à l'étranger.
Dans le nouveau gouvernement de Michel Barnier, Marie-Claire Carrère-Gée, ministre déléguée chargée de la coordination gouvernementale, se trouve confrontée à des défis complexes. Sa mission principale consiste à harmoniser les actions entre les différents ministères, notamment sur des questions sensibles liées à la santé et à l'immigration.
La nomination de Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur a ravivé le débat sur la politique migratoire, avec des répercussions potentielles sur le système de santé. Deux dossiers cruciaux concernent directement Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé et de l'Accès aux soins : l'avenir de l'Aide Médicale d'État (AME) et la place des médecins étrangers dans le système de santé français.
L'AME, créée en 2000 pour les étrangers en situation irrégulière, fait l'objet d'un débat intense. Ses défenseurs soulignent son importance pour la santé publique et l'économie. La Fédération hospitalière de France qualifie sa suppression de "contresens moral, sanitaire et économique". En effet, l'AME permet des diagnostics précoces, évitant l'aggravation des pathologies et la surcharge des services d'urgence.
"Un contresens moral, sanitaire et économique"
La place des médecins étrangers dans le système de santé français est devenue cruciale. Selon les données du Conseil national de l'ordre des médecins, au 1er janvier 2023, la France comptait 234 028 médecins actifs, dont 12,5% à diplômes étrangers, contre seulement 7,1% en 2010. Cette augmentation est particulièrement notable chez les spécialistes, représentant 19,8% des chirurgiens et 16,9% des médecins spécialistes (hors généralistes).
Il est intéressant de noter que la France, qui a créé la Sécurité sociale en 1945, a vu son système de santé évoluer considérablement. Classé premier par l'OMS en 2000, il continue de faire face à de nombreux défis. En 2024, la France compte environ 3,4 médecins pour 1000 habitants et dépense 11,3% de son PIB pour la santé.
L'histoire médicale française est riche en innovations. Du premier vaccin contre la rage développé par Louis Pasteur en 1885 à la première greffe de visage au monde réalisée en 2005, la France a toujours été à l'avant-garde de la recherche médicale. Le pays a également été pionnier dans la création de services d'urgence mobiles, avec le premier SMUR établi en 1965.
Face à ces enjeux, la coordination gouvernementale sera cruciale pour concilier les besoins du système de santé avec les politiques migratoires. L'efficacité de cette coordination sera un indicateur important de la capacité du gouvernement à gérer ces questions complexes et interdépendantes.
