Décès suspects de migrants dans des commissariats grecs soulèvent l'indignation

Deux migrants sont morts dans des circonstances troublantes dans des commissariats d'Athènes, provoquant l'indignation et des appels à enquêter sur de possibles violences policières en Grèce.

7 octobre 2024, 02:02  •  0 vues

Décès suspects de migrants dans des commissariats grecs soulèvent l'indignation

Deux incidents tragiques impliquant des migrants dans des commissariats d'Athènes ont récemment secoué la Grèce, suscitant des inquiétudes quant au traitement des étrangers par les forces de l'ordre.

Le 21 septembre 2024, Muhammad Kamran Ashiq, un migrant pakistanais de 37 ans résidant en Grèce depuis deux décennies, a été retrouvé mort au commissariat d'Agios Panteleimonas à Athènes. Les images de son corps meurtri ont rapidement circulé, provoquant l'indignation du public. Arrêté le 18 septembre pour avoir prétendument suivi une femme, Ashiq aurait été détenu dans cinq commissariats différents sans que sa famille ou son avocat n'en soient informés.

La police affirme qu'Ashiq a été trouvé inconscient dans sa cellule, dépourvue de caméras de surveillance. Cette explication n'a pas convaincu l'opposition et les organisations de défense des droits humains, qui demandent une enquête approfondie sur les circonstances de sa mort et sur d'éventuels motifs racistes.

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"Les explications données par la police grecque sont loin d'éclairer cette affaire. Elles ne répondent pas aux raisons pour lesquelles cet homme a été transféré d'un commissariat à un autre, pourquoi, pendant tant de jours, il n'a eu aucune communication avec sa famille ni avec un avocat, pourquoi l'endroit où il a été retrouvé mort n'était pas surveillé, pourquoi ils ne l'ont pas soigné puisqu'il était blessé."

Kostas Arvanitis, eurodéputé du parti Syriza

Le 1er octobre 2024, un autre incident troublant s'est produit au commissariat d'Omonia, où un migrant bangladais de 29 ans a été découvert sans vie dans sa cellule. La police évoque un suicide, mais cette explication est remise en question par les militants antiracistes.

Ces événements mettent en lumière les défis auxquels la Grèce est confrontée en tant que porte d'entrée majeure pour les migrants en Europe. Depuis la crise migratoire de 2015, le pays a accueilli un grand nombre de réfugiés et de migrants, tout en faisant l'objet de critiques pour sa gestion de la situation.

La Grèce, membre de l'Union européenne depuis 1981, a reçu des fonds pour améliorer les conditions d'accueil des migrants. Cependant, le pays a également été accusé de refoulements illégaux à ses frontières et de violences policières envers les étrangers.

Le système judiciaire grec, souvent critiqué pour sa lenteur, est maintenant appelé à faire la lumière sur ces incidents. Le Défenseur des droits, une institution indépendante, a été sollicité pour enquêter sur les circonstances des décès et les éventuels abus policiers.

Ces tragédies surviennent dans un contexte de tensions économiques et sociales persistantes en Grèce, où le taux de chômage reste l'un des plus élevés de l'UE. Le traitement des migrants continue d'être un sujet de débat au Parlement européen et au sein de la société grecque.

Alors que la Grèce s'efforce de concilier ses obligations en matière de droits de l'homme avec les défis de la gestion migratoire, ces incidents rappellent l'urgence d'assurer un traitement équitable et humain à tous, indépendamment de leur origine.