À Rezé, une commune de 40 000 habitants près de Nantes, les résidents prennent en main la lutte contre les nuisances sonores. Alexander Radi, un ingénieur de 43 ans, est l'un des participants actifs à cette initiative citoyenne innovante.
Le bruit des avions de l'aéroport Nantes-Atlantique, 8e aéroport français en termes de trafic passagers, perturbe quotidiennement la vie des habitants. Radi témoigne des impacts sur son sommeil, son humeur et sa concentration. Cette situation n'est pas unique à Rezé ; l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu'au moins un million d'années de vie en bonne santé sont perdues chaque année en Europe de l'Ouest à cause du bruit des transports.
L'impact économique est tout aussi alarmant. En 2021, l'Agence de la transition écologique (Ademe) a évalué le "coût social" du bruit en France à 147 milliards d'euros par an. Ces chiffres soulignent l'urgence d'agir contre la pollution sonore, qui peut causer des problèmes de santé comme l'hypertension et les troubles du sommeil.
Face à ce défi, la ville de Rezé a lancé en 2021 l'initiative SonoRezé, en collaboration avec des chercheurs. Les habitants utilisent l'application NoiseCapture pour enregistrer et géolocaliser les épisodes sonores, créant ainsi des cartes acoustiques détaillées.
Cette approche participative permet de collecter des données plus précises que les cartes réglementaires actuelles. Arnaud Can, directeur de recherche impliqué dans le projet, souligne l'importance de prendre en compte les personnes peu exposées, car "la gêne commence à un faible niveau".
En effet, les cartes officielles ne considèrent que les zones où le bruit dépasse 55 décibels, alors que l'OMS recommande depuis 2018 de ne pas exposer le public à un bruit de trafic aérien supérieur à 45 décibels. Cette différence est cruciale, car le bruit constant au-dessus de 85 dB peut causer des dommages auditifs permanents.
L'initiative de Rezé s'inscrit dans un contexte plus large de lutte contre le bruit des avions. Les compagnies aériennes paient des taxes sur le bruit dans de nombreux aéroports, et des technologies comme la réduction active du bruit sont développées pour atténuer les nuisances. De plus, les avions modernes utilisent des approches en descente continue pour réduire le bruit, étant déjà 75% moins bruyants que ceux des années 1960.
Cependant, les défis persistent. Les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets négatifs du bruit sur la santé et l'apprentissage. De plus, le bruit des avions peut affecter la valeur immobilière des propriétés situées près des aéroports.
L'Union européenne a établi des directives sur le bruit environnemental en 2002, mais des initiatives locales comme SonoRezé montrent que la participation citoyenne peut jouer un rôle crucial dans la gestion des nuisances sonores. En utilisant la technologie pour cartographier précisément le bruit, les habitants de Rezé ouvrent la voie à des politiques publiques mieux informées et plus efficaces pour améliorer leur qualité de vie.