Les gardiens du design oublié : une renaissance des années 70
De jeunes créateurs passionnés redonnent vie à des objets design méconnus des années 1970, comme la lampe Dora d'André Cazenave, mettant en lumière des talents injustement oubliés.
Dans le monde du design, certaines créations emblématiques des années 1970 connaissent une seconde vie grâce à l'engagement passionné de jeunes designers. Ces "gardiens du design oublié" s'efforcent de rééditer des pièces uniques, souvent méconnues, pour leur redonner la place qu'elles méritent dans l'histoire du design.
La lampe Dora, création d'André Cazenave, illustre parfaitement cette tendance. Avec sa forme évoquant un galet et sa lumière évanescente, elle incarne l'esthétique organique et futuriste caractéristique des années 1970. Malgré sa popularité auprès des collectionneurs, qui la surnomment "lampe caillou", son créateur est resté dans l'ombre.
Emma Demuynck et Julien Borisov, fondateurs d'Alia Vitae, ont entrepris de rééditer cette pièce emblématique. Leur démarche s'inscrit dans un mouvement plus large de redécouverte du design vintage, qui a pris de l'ampleur au 21e siècle. La lampe Dora est désormais exposée dans des galeries prestigieuses aux côtés d'œuvres de designers renommés comme Roger Capron, Eero Saarinen et Olivier Mourgue.
D'autres jeunes créateurs suivent une voie similaire. Oliver Oksman, à la tête de Walter & Moretti, ressuscite une marque toulousaine des années 1970 avec des créations en aluminium anodisé, un matériau emblématique de cette époque. Léonie Alma Mason, quant à elle, redonne vie aux inventives lampes et assises conçues il y a un demi-siècle par sa grand-mère, la sculptrice Odile Mir, aujourd'hui âgée de 98 ans.
Ces initiatives contrastent avec l'approche des grands noms de la réédition comme Ligne Roset ou Vitra, qui misent sur des valeurs sûres telles que le canapé Togo ou les assises Eames. Les jeunes rééditeursindépendants privilégient des créations moins connues mais tout aussi innovantes, témoignant de l'influence du mouvement Space Age sur le design français des années 1970.
"Il n'existait rien, aucune interview, aucune rétrospective, aucun catalogue raisonné"
Cette quête de réédition s'apparente souvent à un travail de détective. La documentation sur certains designers du 20e siècle reste parfois très limitée, comme l'a constaté Emma Demuynck lors de ses recherches sur André Cazenave. Les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial dans la redécouverte de ces designs oubliés, alimentant un intérêt croissant pour le mobilier vintage dans la décoration intérieure contemporaine.
En ressuscitant ces créations, ces jeunes designers ne se contentent pas de préserver un patrimoine ; ils contribuent à enrichir notre compréhension de l'histoire du design. Leur travail met en lumière la richesse et la diversité de la création des années 1970, une période marquée par l'émergence de nombreux designers indépendants dont le talent mérite d'être reconnu.
Cette renaissance du design oublié des années 1970 témoigne de la passion et de l'engagement d'une nouvelle génération de créateurs. En redonnant vie à ces objets, ils nous invitent à porter un regard neuf sur notre patrimoine design et à apprécier la créativité intemporelle de ces œuvres trop longtemps restées dans l'ombre.