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Kaïs Saïed réélu président tunisien avec 90,69% des voix

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Le président sortant Kaïs Saïed remporte l'élection présidentielle tunisienne avec une écrasante majorité. Le scrutin, marqué par une faible participation, soulève des questions sur l'état de la démocratie dans le pays.

Le 7 octobre 2024, l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) de Tunisie a annoncé les résultats préliminaires officiels de l'élection présidentielle. Kaïs Saïed, le président sortant, a été réélu dès le premier tour avec 90,69% des suffrages exprimés.

Cette victoire écrasante s'inscrit dans un contexte politique complexe. La Tunisie, berceau du Printemps arabe en 2011, a connu des changements significatifs depuis l'arrivée au pouvoir de Saïed en 2019. Le pays, qui a adopté une nouvelle constitution en 2022, fonctionne désormais sous un système semi-présidentiel.

Le taux de participation à ce scrutin s'est établi à 28,8%, un chiffre nettement inférieur aux élections précédentes. En 2014 et 2019, la participation au premier tour avait atteint respectivement 63% et 49%. Cette baisse significative soulève des questions sur l'engagement civique dans ce pays de 11 millions d'habitants, dont le taux d'alphabétisation est d'environ 79%.

Les deux autres candidats, Ayachi Zammel et Zouhair Maghzaoui, ont obtenu respectivement 7,35% et 1,97% des voix. Zammel, incarcéré depuis début septembre pour falsification de parrainages, n'a pas pu mener campagne. Cette situation a alimenté les critiques sur le processus électoral.

"Le pouvoir issu du coup d'État a reçu une gifle de la part du peuple tunisien. Indépendamment de la crédibilité des chiffres préliminaires annoncés par l'ISIE, ils suffisent à confirmer l'échec populaire de cette mascarade."

Déclaration du Parti des travailleurs

L'opposition, divisée et affaiblie, n'a pas réussi à présenter un front uni face à Saïed. Certains partis ont appelé au boycott, considérant le scrutin comme verrouillé par le régime. Cette division reflète les défis auxquels fait face la démocratie tunisienne, première nation arabe à accorder l'égalité des droits aux femmes en 1956 et à légaliser l'avortement en 1973.

Kaïs Saïed, ancien professeur de droit constitutionnel, s'est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, dissolvant l'assemblée nationale. Depuis, il a renforcé son contrôle sur l'appareil judiciaire et intensifié la répression contre ses opposants. Cette évolution politique contraste avec l'histoire riche de la Tunisie, qui s'étend sur 3000 ans et inclut la civilisation carthaginoise.

Malgré les critiques, Saïed conserve un soutien populaire significatif. Sa réélection intervient dans un pays confronté à des défis économiques majeurs, où le tourisme représente environ 14% du PIB. La Tunisie, plus grand exportateur mondial d'huile d'olive après l'UE, cherche à équilibrer son développement économique et sa stabilité politique.

L'avenir de la Tunisie, avec son riche patrimoine culturel incluant le site de Carthage classé à l'UNESCO, reste incertain. Le pays, qui s'étend du littoral méditerranéen au Sahara couvrant 40% de son territoire, fait face à des choix cruciaux pour son futur démocratique et économique.