Tunisie : Kaïs Saïed réélu avec 90,7% des voix, participation en chute libre

Le président sortant Kaïs Saïed remporte l'élection présidentielle tunisienne avec une majorité écrasante. Le taux de participation historiquement bas soulève des inquiétudes sur l'état de la démocratie.

7 octobre 2024, 18:50  •  0 vues

Tunisie : Kaïs Saïed réélu avec 90,7% des voix, participation en chute libre

Dans un contexte politique tendu, la Tunisie, le plus petit pays du Maghreb avec ses 163 610 km², a tenu son élection présidentielle le 6 octobre 2024. L'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a annoncé le 7 octobre les résultats officiels, révélant une victoire écrasante pour le président sortant Kaïs Saïed.

Kaïs Saïed a obtenu 90,7% des suffrages, un score qui rappelle les élections d'avant 2011, année marquant l'avènement de la démocratie en Tunisie suite au Printemps arabe. Ses deux adversaires, Ayachi Zammel et Zouhair Maghzaoui, n'ont recueilli respectivement que 7,35% et 1,97% des voix.

Cependant, le fait le plus marquant de cette élection est le taux de participation historiquement bas, s'établissant à seulement 28,8%. Cette abstention massive soulève des questions sur la légitimité du processus électoral et l'état de la démocratie dans ce pays de 12 millions d'habitants, berceau du Printemps arabe en 2010-2011.

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La faible participation pourrait être le reflet des défis économiques auxquels la Tunisie est confrontée. Le pays, premier exportateur mondial d'huile d'olive, dépend fortement du tourisme, un secteur qui a connu des difficultés ces dernières années. La dévaluation du dinar tunisien et l'inflation ont également pesé sur le pouvoir d'achat des citoyens.

Malgré ces défis, la Tunisie reste un pays riche en histoire et en culture. Avec huit sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, dont l'amphithéâtre d'El Jem, le troisième plus grand amphithéâtre romain du monde, le pays attire toujours de nombreux visiteurs. Le couscous, reconnu comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité, témoigne de la richesse culinaire tunisienne.

La réélection de Kaïs Saïed intervient dans un contexte de centralisation du pouvoir qui inquiète les observateurs internationaux. Depuis son arrivée au pouvoir, il a progressivement renforcé son contrôle sur les institutions, rappelant à certains la période précédant 2011, lorsque la Tunisie était encore sous un régime autoritaire.

Cette situation contraste fortement avec les espoirs nés du Printemps arabe, dont la Tunisie fut le point de départ. Le pays, qui fut le premier État arabe à abolir l'esclavage en 1846, se trouve aujourd'hui à un carrefour crucial de son histoire démocratique.

L'avenir politique et économique de la Tunisie reste incertain. Avec un territoire dont 40% est couvert par le Sahara et une économie fortement dépendante du tourisme et de l'agriculture, notamment dans la région du Cap Bon réputée pour ses agrumes, le pays fait face à de nombreux défis.

La communauté internationale observe attentivement l'évolution de la situation en Tunisie, pays qui a jadis accueilli le siège de la Ligue arabe de 1979 à 1990. La capacité du gouvernement à relancer l'économie tout en préservant les acquis démocratiques sera déterminante pour l'avenir du pays.