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Ingénieures en France : Les défis persistants de la parité

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Une enquête révèle les obstacles auxquels font face les femmes dans l'ingénierie en France. De l'école à l'entreprise, les stéréotypes et la discrimination freinent encore leur progression dans ce domaine.

En France, la situation des femmes dans le domaine de l'ingénierie reste préoccupante en 2024. Malgré les progrès réalisés depuis que Julie-Victoire Daubié est devenue la première femme ingénieure diplômée en 1861, les femmes ne représentent aujourd'hui qu'un quart des ingénieurs en activité et un tiers des étudiants dans ce domaine.

L'association Elles bougent, en collaboration avec l'institut OpinionWay, a mené une enquête auprès de 6 125 femmes travaillant ou étudiant dans les secteurs scientifiques et techniques. Les résultats, publiés fin septembre 2024, mettent en lumière les obstacles persistants auxquels les femmes sont confrontées tout au long de leur parcours.

82% des répondantes affirment avoir été confrontées à des stéréotypes de genre durant leur scolarité. Ces préjugés rappellent l'effet Matilda, qui désigne la minimisation systématique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche. Parmi les messages décourageants reçus :

  • 64% ont entendu qu'elles étaient plutôt faites pour des études littéraires
  • 44% ont été considérées comme moins compétentes que les garçons en mathématiques
  • 21% ont été explicitement découragées de poursuivre dans cette voie

Ces stéréotypes persistent malgré le fait que 88% des répondantes considéraient les mathématiques et les sciences comme leurs matières préférées.

Le manque de confiance en soi qui en résulte est préoccupant : 30% des répondantes ne se sentaient pas aussi capables que leurs homologues masculins de s'affirmer dans ces matières. Ce phénomène rappelle le syndrome de l'imposteur, qui touche particulièrement les femmes dans les domaines STEM (Science, Technology, Engineering, and Mathematics).

Les craintes pour l'avenir professionnel sont également importantes : 83% des répondantes redoutent de subir du sexisme, de la discrimination ou des obstacles à leur évolution professionnelle en tant qu'ingénieures ou techniciennes. Ces appréhensions ne sont pas infondées, car les femmes représentent moins de 10% des dirigeants dans les entreprises technologiques mondiales.

Dans l'enseignement supérieur, les difficultés persistent : 48% des répondantes estiment avoir manqué de soutien, d'accompagnement et de modèles féminins pendant leurs études. Ce constat souligne l'importance du mentorat, considéré comme un outil efficace pour encourager les femmes dans les carrières STEM.

Le monde professionnel n'est pas exempt d'inégalités : 81% des femmes estiment que les hommes accèdent plus facilement aux postes à responsabilité, tandis que 75% jugent que les hommes bénéficient de meilleurs salaires à poste égal. Ces chiffres illustrent le concept de "plafond de verre", inventé dans les années 1980 pour décrire les barrières invisibles freinant l'avancement des femmes.

Pour améliorer cette situation, des initiatives comme la Journée nationale des sciences de l'ingénieur au féminin, organisée chaque année en novembre en France, visent à promouvoir les carrières scientifiques auprès des jeunes filles. De même, l'UNESCO a déclaré le 11 février Journée internationale des femmes et des filles de science.

Il est crucial de continuer à lutter contre les stéréotypes et à promouvoir l'égalité des chances dans le domaine de l'ingénierie. Comme l'a démontré Marie Curie, première femme à recevoir un prix Nobel en physique en 1903, les femmes ont un rôle essentiel à jouer dans l'avancement des sciences et des technologies.