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Hausse des inscriptions dans les écoles juives françaises

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Face à la montée de l'antisémitisme, les écoles juives en France connaissent une croissance significative. 32 nouvelles classes ont ouvert à la rentrée 2024, reflétant un changement dans les choix éducatifs des familles juives.

La rentrée scolaire 2024 en France a été marquée par une augmentation notable des inscriptions dans les écoles juives. Le Fonds social juif unifié (FSJU) rapporte l'ouverture de 32 nouvelles classes, une hausse significative par rapport aux 22 classes supplémentaires des années précédentes. Cette tendance soulève des questions sur les motivations des familles juives et l'impact des récents événements sur leurs choix éducatifs.

Patrick Petit-Ohayon, directeur de l'action scolaire du FSJU, attribue cette croissance à la montée de l'antisémitisme depuis octobre 2023. Il observe des changements dans les habitudes d'inscription :

"Il y a davantage d'élèves qui arrivent en cours de cycle. Auparavant, les élèves rejoignaient les écoles juives lors de moments charnières de la scolarité, en CP ou en 6e. Certaines familles inscrivent désormais leurs enfants en CM1 ou CM2."

Cette évolution s'inscrit dans une tendance à long terme. Depuis 2000, les effectifs des écoles juives ont augmenté de 48%, atteignant 35 528 élèves en 2023. Cette croissance reflète l'histoire complexe de l'éducation juive en France, qui remonte au Moyen Âge avec l'établissement des premières yeshivot au XIe siècle.

L'augmentation des inscriptions touche particulièrement le niveau primaire, avec 20 des 32 nouvelles classes ouvertes dans le premier degré. Petit-Ohayon note également une tendance croissante à inscrire les enfants dès la maternelle, contrairement à la pratique antérieure qui privilégiait l'école publique de proximité.

Cette évolution s'explique en partie par des préoccupations sécuritaires. Depuis les attentats de 2015, la sécurité dans les écoles juives a été considérablement renforcée. Pour certaines familles, même peu pratiquantes, le choix d'une école juive devient un réflexe de protection.

Le cas de Fabien, père de deux enfants à Aix-en-Provence, illustre ce changement. Malgré son attachement à l'enseignement public, il envisage désormais l'école juive comme une option viable pour assurer la sécurité de ses enfants.

Il est important de noter que les écoles juives en France ne sont pas homogènes. Elles peuvent être sous contrat ou hors contrat avec l'État, avec près de 17% des élèves scolarisés dans des classes hors contrat. Cette diversité reflète la complexité du système éducatif français et l'histoire des relations entre l'État et les communautés religieuses depuis la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État.

Les écoles juives offrent généralement un programme qui inclut l'étude de l'hébreu et des textes religieux, en plus du programme national français. Certaines proposent des cursus bilingues français-hébreu et des échanges avec des écoles en Israël, enrichissant ainsi l'expérience éducative des élèves.

Cette tendance à la hausse des inscriptions dans les écoles juives soulève des questions sur l'intégration et la cohésion sociale en France. Alors que ces établissements jouent un rôle crucial dans la préservation de l'identité et de la culture juives, il est essentiel de veiller à ce que cette évolution ne conduise pas à un isolement accru de la communauté juive au sein de la société française.

Nicolette Mathieu

Politique