L'agence de notation Fitch a décidé de maintenir la note de la France à AA-, tout en la plaçant sous perspective négative, signalant ainsi une possible dégradation future. Cette décision, annoncée le 11 octobre 2024, intervient dans un contexte économique délicat pour la deuxième économie de la zone euro.
Le ministre de l'Économie, Antoine Armand, a pris acte de cette décision, soulignant que Fitch reconnaît la force et la diversité de l'économie française, ainsi que l'efficacité de ses institutions. La note AA- de Fitch, équivalant à 17/20 sur son échelle de notation, reflète toujours une très haute qualité de crédit pour la France, qui reste le pays le plus visité au monde avec environ 90 millions de touristes annuels.
Cette évaluation survient au lendemain de la présentation du projet de budget 2025, qui prévoit un effort considérable de 60 milliards d'euros pour maîtriser le déficit. Ces mesures d'austérité, qualifiées d'« inédites » par Pierre Moscovici, président du Haut Conseil des Finances publiques, visent à ramener le déficit public à 5% du PIB.
La France a dû revoir drastiquement ses prévisions de déficit pour 2024, passant de 4,4% fin 2023 à 6,1% du PIB actuellement. Le gouvernement a également repoussé l'objectif de retour sous la barre des 3% de déficit, tolérée par Bruxelles, à 2029 au lieu de 2027. Il est important de noter que la France n'a pas respecté cette règle des 3% depuis 2007, malgré son importance dans le Pacte de stabilité et de croissance de l'UE.
Les efforts budgétaires prévus pour 2025 combinent réductions de dépenses et hausses d'impôts. Cependant, des économistes craignent que ces mesures ne pèsent sur la croissance, actuellement anticipée à 1,1% par le gouvernement. Cette situation est d'autant plus préoccupante que la dette publique française a dépassé 100% du PIB depuis 2020.
Malgré ces défis, l'attractivité de la dette française reste forte. Un récent emprunt de 12 milliards d'euros à long terme a suscité une demande nettement supérieure aux besoins du pays. De plus, l'écart entre les taux d'emprunt français et allemands demeure à des niveaux jugés peu inquiétants par les analystes.
Il est important de rappeler que la France possède de nombreux atouts économiques. Elle est le premier producteur agricole de l'Union européenne et le sixième exportateur mondial. Son système de protection sociale est l'un des plus développés au monde, et son système éducatif gratuit et obligatoire de 3 à 16 ans contribue à la formation d'une main-d'œuvre qualifiée.
Les prochaines évaluations par Moody's le 25 octobre et S&P Global le 29 novembre 2024 seront cruciales pour l'avenir économique de la France. Ces notations influenceront les taux d'emprunt du pays sur les marchés internationaux, dans un contexte où la France prévoit un programme record de 300 milliards d'euros d'emprunts pour l'année prochaine.
"On ne fait pas une politique pour des agences de notation, mais on regarde évidemment quel est le climat international et quel regard les instituts portent sur la France. Et ce regard, il est attentif car face à la dette colossale que nous avons, face aux déficits qui continuent de filer, nous devons prendre des mesures."
La situation économique de la France reste donc sous haute surveillance, alors que le pays tente de concilier la maîtrise de ses finances publiques avec le maintien de sa croissance et de son modèle social unique.