L'archipel espagnol des Canaries, situé à environ 100 km des côtes marocaines, fait face à une crise migratoire sans précédent. Entre janvier et septembre 2024, le nombre d'arrivées de migrants a doublé par rapport à la même période en 2023, atteignant plus de 40 000 personnes. Parmi eux, environ 5 500 sont des mineurs non accompagnés, mettant à rude épreuve le système d'accueil de cette communauté autonome de 2,2 millions d'habitants.
Le centre Tindaya, situé à Las Palmas de Grande Canarie, illustre les défis auxquels sont confrontées les autorités locales. Installé dans un ancien monastère, il accueille 80 jeunes âgés de 12 à 18 ans, principalement originaires du Mali, du Sénégal et du Maroc. Gabriel Orihuela, directeur du centre, explique :
Les jeunes suivent des cours d'espagnol, participent à des activités et, pour les plus âgés, peuvent suivre des formations professionnelles. Cependant, le centre fonctionne au-delà de sa capacité idéale, reflétant la situation critique de l'ensemble de l'archipel.
Alfonso Cabello, porte-parole du gouvernement canarien, décrit un système "au bord de l'effondrement". En seulement 13 mois, le nombre de centres d'accueil est passé de 28 à 81, entraînant des difficultés pour trouver du personnel qualifié et des ressources financières adéquates.
Le coût mensuel de la prise en charge des mineurs non accompagnés s'élève à 14 millions d'euros, une somme considérable pour cette région dont l'économie repose à 35% sur le tourisme. Le gouvernement canarien demande une aide urgente au gouvernement central espagnol, n'ayant reçu aucun fonds en 2024 pour faire face à cette situation.
Cette crise migratoire met en lumière la position géographique particulière des Canaries, considérées comme l'une des régions les plus périphériques de l'Union européenne. L'archipel, composé de sept îles principales, a toujours joué un rôle important dans les mouvements migratoires entre l'Afrique et l'Europe.
Au-delà de l'urgence humanitaire, cette situation soulève des questions sur l'intégration à long terme de ces jeunes migrants dans la société canarienne. L'archipel, connu pour son climat subtropical et ses paysages volcaniques, doit désormais relever le défi de l'accueil et de l'insertion de ces nouveaux arrivants, tout en préservant son équilibre économique et social.
Le gouvernement canarien appelle à une solution durable et à un financement adapté, soulignant la nécessité d'une approche coordonnée entre les autorités régionales, nationales et européennes pour faire face à ce défi migratoire complexe.