Le 10 octobre 2024, Michel Barnier a présenté en conseil des ministres un projet de budget pour 2025 qui a immédiatement suscité une vague de critiques. Ce plan, visant à redresser les finances publiques françaises, prévoit un ajustement budgétaire de 60 milliards d'euros, réparti entre augmentations d'impôts et réductions de dépenses.
La situation financière de la France est alarmante. En effet, le pays a connu 39 années consécutives de déficit budgétaire depuis 1974, et la dette publique a dépassé les 3000 milliards d'euros en 2023, atteignant 110% du PIB. Face à cette réalité, Barnier tente de mettre en place des mesures correctives, mais se heurte à de nombreuses oppositions.
Le Haut Conseil des finances publiques, créé en 2012 pour évaluer les prévisions macroéconomiques du gouvernement, a contesté la répartition proposée par Barnier. Selon son analyse, l'effort fiscal représenterait 70% de l'ajustement, et non un tiers comme annoncé par le gouvernement.
Cette divergence d'interprétation alimente un débat déjà tendu sur la nature des mesures à prendre. Certains accusent le gouvernement de mener une politique d'austérité, tandis que d'autres estiment que les propositions ne vont pas assez loin.
"Le gouvernement impose une politique d'austérité qui va peser sur les ménages et freiner la reprise économique."
Il est important de noter que malgré ces accusations, le projet de loi de finances prévoit une augmentation des dépenses publiques de 2,1%, face à une inflation prévue de 1,8% en 2024. Cette hausse, bien que modérée, contredit l'idée d'une austérité stricte.
Barnier doit également faire face aux critiques concernant l'héritage économique du précédent gouvernement. La politique du "quoi qu'il en coûte", lancée en mars 2020 face à la crise du Covid-19, a permis de sauvegarder l'emploi et le pouvoir d'achat, mais a considérablement alourdi la dette publique.
Le contexte politique complique la tâche du Premier ministre. Sans majorité parlementaire stable et confronté à l'urgence de la situation, Barnier a dû élaborer ce budget dans des conditions difficiles, sans avoir le temps de préparer l'opinion publique aux efforts nécessaires.
La France, qui a perdu son triple A auprès des agences de notation en 2012, doit impérativement restaurer sa crédibilité budgétaire. Avec un taux de prélèvements obligatoires de 45,2% du PIB en 2023 et des dépenses publiques représentant 57,7% du PIB la même année, le pays se trouve dans une situation délicate vis-à-vis de ses partenaires européens.
Le défi pour Barnier est de taille : il doit non seulement redresser les comptes publics, mais aussi relancer l'économie. Avec une croissance du PIB de seulement 0,9% en 2023 et un taux de chômage à 7,1% au deuxième trimestre 2024, la marge de manœuvre est étroite.
En conclusion, le projet de budget 2025 de Michel Barnier représente une tentative de rétablir l'équilibre des finances publiques françaises dans un contexte économique et politique complexe. Malgré les critiques, il apparaît comme une étape nécessaire pour restaurer la crédibilité budgétaire de la France auprès de ses partenaires européens et de ses créanciers.