La nomination d'Anne Genetet au poste de ministre de l'Éducation nationale le 21 septembre 2024 a provoqué une onde de choc dans le milieu éducatif français. Cette députée Renaissance, élue de la 11e circonscription des Français à l'étranger depuis 2017, succède à Nicole Belloubet dans le gouvernement de Michel Barnier.
Le 23 septembre 2024, Anne Genetet a fait son entrée à l'Hôtel de Rochechouart, siège historique du ministère de l'Éducation nationale depuis 1932. Son arrivée a été scrutée de près, notamment en raison de son profil atypique et de son expérience professionnelle antérieure à Singapour.
La controverse a rapidement éclaté lorsque des propos issus du site web de son ancienne entreprise, Help Agency, ont refait surface. Cette société, fondée par Genetet en 2009, proposait des services d'aide à l'embauche et à la formation d'employées de maison, principalement d'origine philippine. Certaines recommandations, jugées problématiques, ont suscité l'indignation, notamment des conseils tels que "évitez émotion et compassion" ou des commentaires sur la flexibilité des employées ayant travaillé pour des familles chinoises.
Les syndicats enseignants ont exprimé leur inquiétude face à cette nomination. Sophie Vénétitay, du SNES-FSU, principal syndicat de l'enseignement secondaire en France, a déclaré :
"Elle arrive après quatre ministres en dix-huit mois, à un moment où l'école traverse une crise très grave, et son CV est celui de quelqu'un qui vient d'un autre monde. Le fossé est énorme : comment ont-ils pu penser qu'elle pouvait être la bonne personne ?"
Cette réaction reflète les préoccupations du milieu éducatif, qui fait face à de nombreux défis, notamment les inégalités scolaires et la valorisation du métier d'enseignant. Avec environ 870 000 enseignants dans l'enseignement public et privé, le système éducatif français est l'un des plus importants d'Europe.
L'entourage d'Anne Genetet tente de minimiser ces controverses, mettant en avant son expérience de médecin et ses activités bénévoles auprès des populations migrantes lors de son séjour à Singapour. Il est important de noter que Singapour accueille une importante communauté d'expatriés et possède un marché du travail domestique significatif.
Pour sa première semaine à la Rue de Grenelle, métonymie courante pour désigner le ministère de l'Éducation nationale, Genetet s'est montrée discrète, se concentrant sur l'étude approfondie des dossiers. Cette approche prudente intervient dans un contexte où le système éducatif français fait face à de nombreux défis, notamment la mise en œuvre de la scolarité obligatoire de 3 à 16 ans, instaurée par la loi du 26 juillet 2019.
La nomination de Genetet s'inscrit dans une série de remaniements ministériels fréquents ces dernières années. Le ministère de l'Éducation nationale, qui gère le premier poste de dépenses de l'État français, joue un rôle crucial dans la formation des futurs citoyens et la préparation des quelque 370 000 étudiants internationaux accueillis chaque année en France.
Alors que le débat sur la pertinence de cette nomination se poursuit, l'attention se porte désormais sur la capacité d'Anne Genetet à relever les défis du système éducatif français, y compris la réforme du baccalauréat, diplôme emblématique créé en 1808, et l'amélioration de la formation des enseignants assurée par les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (INSPE).