Une enfant entre deux vies: l'histoire bouleversante d'une survivante à Paris
Un récit poignant dʼune jeune-fille juive cachée à Paris pendant lʼOccupation‚ partagée entre deux mères et deux cultures. Le livre culte des années 90 revient enfin en librairie
Le livre de Sarah Kofman revient sur les étagères après trente ans dʼabsence; ce texte (paru initialement chez Galilée) raconte lʼhistoire dʼune enfant-cachée dans le Paris occupé. A lʼépoque seul Georges Perec avait osé aborder ce sujet dans son oeuvre‚ mais depuis Marcel Cohen a aussi apporté sa pierre à lʼédifice avec ses écrits en 13 et 23
La famille de Sarah vivait dans le 18ème arrondissement - huit personnes entassées dans un petit logement rue Ordener. Son père (rabbin à la synagogue) fut arrêté mi-juillet 42‚ puis envoyé à Drancy avant sa déportation vers Auschwitz. Les parents‚ arrivés de Pologne fin des années 20 ne parlaient que yiddish et polonais
La vie bascula quand la Gestapo posa les scellés sur lʼappartement: il fallut cacher les enfants. Sarah‚ née en 34 ne supportait aucun refuge; elle refusait de manger. Sa mère la garda dʼabord avec elle mais dut finalement trouver une solution - une dame rue Labat les accueillit “temporairement“ jusquʼà la fin du conflit
Entre sa “maman“ et sa “mémé“‚ Sarah vécut un déchirement profond: celle qui lui donna la vie; celle qui la sauva. Les deux rues (séparées par la longue rue Marcadet) symbolisaient ce clivage culturel et linguistique. La rue Ordener représentait la vie dʼavant; la rue Labat ouvrait vers un autre monde
La “mémé“ réussit à détacher Sarah de sa mère et de ses racines juives (consciemment ou non). Lʼenfant souhaitait que cette seconde-mère devienne sa vraie mère - cette substitution la protégeait physiquement mais aussi émotionnellement après la perte de son père