Tragédie ferroviaire d'Eckwersheim : verdict rendu après 9 ans
Le tribunal de Paris a rendu son verdict dans l'affaire du déraillement de TGV à Eckwersheim en 2015. Cinq des six accusés ont été reconnus coupables d'homicides involontaires.
Le 14 novembre 2015, un accident de TGV lors d'essais à Eckwersheim, dans le Bas-Rhin, a causé la mort de 11 personnes et blessé 42 autres. Cet événement tragique, survenu le lendemain des attentats de Paris, est resté gravé dans les mémoires comme la pire catastrophe de l'histoire du TGV en France.
Le drame s'est produit à 15h06 sur le pont d'Eckwersheim, enjambant le canal de la Marne au Rhin. La rame d'essai, transportant 53 personnes, a déraillé en abordant un virage à une vitesse excessive de 265 km/h au lieu des 176 km/h prévus. Francis L., le cadre traction, a donné trop tardivement les consignes de freinage à Denis T., le conducteur.
Le procès de cette affaire s'est tenu de mars à mai 2024 devant la 31e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Six prévenus étaient sur le banc des accusés : la SNCF, ses filiales Systra et SNCF Réseau, ainsi que trois personnes physiques présentes dans la cabine de pilotage lors de l'accident.
Le 10 octobre 2024, le tribunal a rendu son verdict. Les trois entreprises, le conducteur et le cadre traction ont été reconnus coupables de "blessures et homicides involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité". Seul Philippe B., le technicien chargé de signaler les particularités de la voie, a été relaxé.
Le procureur Nicolas Hennebelle a conclu qu'il n'y avait pas de "faute unique" mais un "aveuglement collectif" dans cette catastrophe. Il a souligné que l'accident ne pouvait être réduit ni à la faute d'un seul individu, ni à une simple mauvaise organisation.
Cette tragédie a mis en lumière l'importance cruciale des essais ferroviaires pour garantir la sécurité des nouvelles lignes. La SNCF, créée en 1938, gère un réseau de plus de 30 000 km de lignes, dont les lignes à grande vitesse inaugurées en 1981. Le TGV, qui peut atteindre 320 km/h en exploitation commerciale, transporte chaque année plus de 100 millions de voyageurs.
La sécurité ferroviaire en France est réglementée par l'Établissement Public de Sécurité Ferroviaire (EPSF). La formation des conducteurs de TGV est particulièrement rigoureuse et dure plusieurs mois. Les lignes à grande vitesse sont équipées de systèmes de signalisation et de contrôle spécifiques, et leur maintenance nécessite des interventions régulières et précises.
Malgré cet accident tragique, il est important de noter que les accidents de TGV restent extrêmement rares en France. Le verdict de ce procès souligne la nécessité d'une vigilance constante et d'une responsabilité partagée pour garantir la sécurité des voyageurs sur le réseau ferroviaire français.
"Vouloir réduire ce dossier à la faute unique de tel ou tel ne sert qu'à masquer les carences organisationnelles de ce projet. De façon symétrique, l'accident ne se résume pas non plus à une mauvaise organisation qui exempte les personnes physiques de toute responsabilité."
Cette déclaration résume bien la complexité de l'affaire et la nécessité d'une approche globale de la sécurité ferroviaire, impliquant à la fois les individus et les organisations.