Révélations sur l'espionnage chinois en Asie du Sud-Est

She Zhijiang, homme d'affaires chinois, révèle son recrutement par les services secrets chinois pour des activités en Asie du Sud-Est. Ces révélations mettent en lumière les opérations clandestines de Pékin dans la région.

3 octobre 2024, 08:49  •  32 vues

Révélations sur l'espionnage chinois en Asie du Sud-Est

Dans une révélation surprenante, She Zhijiang, un homme d'affaires chinois actuellement détenu en Thaïlande, a dévoilé son recrutement par le ministère de la sécurité d'État chinois. Ces informations, partagées lors d'une téléconférence depuis sa prison, ont été diffusées dans un documentaire d'Al-Jazira le 26 septembre 2024, mettant en lumière les activités clandestines de la Chine en Asie du Sud-Est.

She Zhijiang est connu pour avoir fondé une "zone économique spéciale" à Shwe Kokko, une ville située à l'est de la Birmanie, près de la frontière thaïlandaise. Ce projet, initialement présenté comme une initiative d'industries intelligentes, s'est rapidement transformé en un centre de cyberfraude. Cette évolution illustre la complexité des relations entre la Chine et ses voisins d'Asie du Sud-Est, une région où Pékin est devenu le plus grand partenaire commercial depuis 2009.

Le récit de She Zhijiang remonte à fin 2016, lorsqu'il aurait été approché aux Philippines par un agent chinois. En échange de sa coopération, on lui aurait promis l'abandon des poursuites lancées contre lui en Chine en 2014 pour des jeux en ligne illégaux. Cette proposition s'inscrit dans un contexte où la cybercriminalité est devenue un enjeu majeur, avec des pertes estimées à 6,9 milliards de dollars pour les victimes dans le monde en 2021.

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L'implication présumée de la Fédération chinoise des entrepreneurs d'outre-mer, une organisation officielle créée en 2003, dans les activités de She Zhijiang soulève des questions sur les méthodes utilisées par Pékin pour étendre son influence. Cette stratégie s'appuie sur une diaspora chinoise importante, estimée à environ 60 millions de personnes vivant à l'étranger en 2024.

Le cas de She Zhijiang illustre également la complexité des relations diplomatiques dans la région. Après avoir obtenu la nationalité cambodgienne, un pays qui a accordé la citoyenneté à environ 700 investisseurs chinois entre 2011 et 2017, il a vu sa nationalité chinoise annulée. Cette manœuvre semble avoir été orchestrée pour faciliter ses opérations transfrontalières.

L'arrestation de She Zhijiang en Thaïlande en août 2022, suite à une notice rouge d'Interpol émise en 2021, marque un tournant dans cette affaire. Alors qu'il lutte contre son extradition vers la Chine, ses révélations jettent une lumière crue sur les méthodes employées par Pékin dans le cadre de son initiative "Belt and Road", annoncée par le président Xi Jinping en 2013.

Cette affaire s'inscrit dans un contexte régional complexe, marqué par des changements politiques significatifs comme le coup d'État militaire en Birmanie en février 2021. Elle souligne également les défis posés par la rapide numérisation de l'Asie du Sud-Est, où le taux de pénétration d'Internet est passé de 25% en 2014 à environ 75% en 2024.

"J'obéissais aux ordres"

She Zhijiang affirme :

Les révélations de She Zhijiang ouvrent une fenêtre sur les opérations clandestines de la Chine à l'étranger, rappelant que l'influence de Pékin s'étend bien au-delà de ses frontières, touchant même des initiatives comme le yuan numérique, lancé en 2020. Cette affaire complexe continue de soulever des questions sur l'équilibre entre développement économique et sécurité nationale dans une région en pleine mutation.