Nouvelle offensive à Khartoum : l'armée soudanaise tente de reprendre le contrôle

Une bataille intense fait rage à Khartoum alors que l'armée soudanaise lance une offensive majeure pour reprendre le contrôle de la capitale. Les civils sont pris au piège des combats et des bombardements.

2 octobre 2024, 17:53  •  0 vues

Nouvelle offensive à Khartoum : l'armée soudanaise tente de reprendre le contrôle

Une nouvelle phase de conflit secoue Khartoum, la capitale du Soudan, alors que les Forces armées soudanaises (FAS) lancent une offensive majeure pour reprendre le contrôle de la ville. Cette opération, débutée le 26 septembre 2024, marque une escalade significative dans la guerre qui déchire le pays depuis avril 2023.

Les FAS, dirigées par le général Al-Bourhane, tentent de reconquérir le centre-ville, tombé aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo, surnommé "Hemetti". Cette offensive survient un an et demi après que les FAS ont été repoussées du cœur de la capitale.

L'assaut a commencé à l'aube, avec deux brigades de l'armée régulière attaquant les ponts reliant Omdurman à Khartoum. Les troupes ont réussi à pénétrer dans le quartier d'El-Mugran, situé à la confluence du Nil Blanc et du Nil Bleu, un point stratégique de la ville fondée en 1821 par Ibrahim Pacha.

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Les civils, pris au piège dans une ville transformée en champ de ruines, subissent les conséquences de cette escalade. Un habitant, qui a souhaité rester anonyme, témoigne :

"On entend des raids aériens permanents. Les combats font rage, à l'artillerie et à l'arme lourde. Hier, cinq obus sont tombés dans mon quartier."

Les FAS progressent lentement dans Khartoum, mais avancent plus rapidement dans les faubourgs nord. Elles ont notamment pris le contrôle du pont de Halfaya, construit en 1909, reliant Omdurman à Bahri. Cette victoire stratégique permet aux FAS de menacer les positions des FSR dans la capitale.

Malgré ces avancées, les FSR maintiennent leur emprise sur des sites clés du centre-ville, notamment autour du palais présidentiel, un vestige de l'époque coloniale britannique. Les combats se déroulent à proximité de l'université de Khartoum, fondée en 1902, et de l'aéroport international, ouvert en 1947.

La population de Khartoum, estimée à plus de 5 millions d'habitants, subit les conséquences de cette guerre. Entre le 19 et le 25 septembre, les bombardements ont causé la mort de 50 civils, selon des sources médicales.

Alaa Abdelqader, un ancien employé d'un laboratoire médical à Khartoum, témoigne depuis Omdurman :

"Maintenant que l'armée a progressé sur l'autre rive du Nil, nous sommes plus en sécurité et les bombardements intempestifs ont diminué. Mais on entend toujours constamment le bruit des combats au loin."

Cette nouvelle phase du conflit souligne la complexité de la situation au Soudan, troisième plus grand pays d'Afrique en superficie. Depuis son indépendance en 1956, le pays a connu plusieurs guerres civiles et une partition en 2011 avec l'indépendance du Soudan du Sud.

Alors que les combats se poursuivent, la communauté internationale observe avec inquiétude l'évolution de la situation dans ce pays membre de l'Union africaine et de la Ligue arabe. L'issue de cette bataille pour Khartoum pourrait avoir des implications majeures pour l'avenir du Soudan et la stabilité de la région.