Moldavie : Vaste réseau de corruption électorale démantelé avant le scrutin

La police moldave révèle un système de corruption électorale sans précédent, impliquant plus de 15 millions de dollars, à l'approche de l'élection présidentielle et du référendum sur l'UE du 20 octobre.

3 octobre 2024, 14:30  •  31 vues

Moldavie : Vaste réseau de corruption électorale démantelé avant le scrutin

La police moldave a dévoilé le 3 octobre 2024 un système de corruption électorale d'une ampleur inédite, orchestré depuis la Russie, à seulement 17 jours de l'élection présidentielle et du référendum sur l'adhésion à l'Union européenne (UE). Ce réseau, qualifié de "sans précédent" par les autorités, visait à influencer le vote contre la présidente sortante pro-occidentale Maia Sandu et l'intégration européenne.

Selon Viorel Cernauteanu, chef de la police moldave, plus de 15 millions de dollars ont été distribués au cours du seul mois de septembre pour corrompre les électeurs. Cette somme colossale, équivalant à environ 13,6 millions d'euros, illustre l'ampleur de la tentative d'ingérence dans le processus démocratique moldave.

"L'organisation criminelle dirigée par Ilan Shor a recruté des personnes prêtes à voter en échange d'argent pour un candidat désigné la veille par le biais du réseau social Telegram."

Viorel Cernauteanu, chef de la police moldave

L'enquête a révélé une structure hiérarchique complexe, impliquant plus de 100 000 personnes. Le réseau, dirigé par l'oligarque en fuite Ilan Shor, condamné par contumace pour fraude, opérait depuis Moscou. Environ 70 000 "sympathisants" ont été recrutés, recevant entre 46 et 93 euros par mois pour voter contre le camp pro-occidental.

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Cette affaire s'inscrit dans un contexte politique tendu pour la Moldavie, pays enclavé entre la Roumanie et l'Ukraine, qui a entamé un virage pro-occidental sous la présidence de Maia Sandu. Depuis son indépendance de l'Union soviétique en 1991, la Moldavie a connu de nombreuses crises politiques et reste l'un des pays les plus pauvres d'Europe.

La présidente Sandu, favorite du scrutin du 20 octobre, accuse régulièrement la Russie de mener une "guerre hybride" contre son pays. Cette inquiétude est partagée par les alliés occidentaux de la Moldavie. En juin 2024, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada avaient mis en garde contre un "complot" russe visant à influencer l'élection et à provoquer des troubles en cas de défaite d'un candidat pro-russe.

La Moldavie, qui a obtenu le statut de candidat à l'UE en juin 2022, fait face à des défis considérables dans sa quête d'intégration européenne. Le pays, dont la population d'environ 2,6 millions d'habitants est vieillissante, doit également composer avec la région séparatiste pro-russe de Transnistrie, qui a déclaré son indépendance en 1990.

Malgré ces obstacles, la Moldavie poursuit son rapprochement avec l'Occident. Le pays, connu pour sa riche histoire, ses monastères médiévaux et son industrie viticole florissante, cherche à diversifier ses relations économiques et à réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.

L'élection du 20 octobre 2024 et le référendum sur l'adhésion à l'UE représentent donc un tournant crucial pour l'avenir de la Moldavie. La révélation de ce vaste réseau de corruption électorale souligne l'importance des enjeux et la détermination des forces pro-russes à influencer le résultat du scrutin.