Les salariés aidants : un défi croissant pour les entreprises françaises

D'ici 2030, un quart des actifs français seront des salariés aidants. Cette réalité pose des défis majeurs pour les entreprises, avec des coûts cachés estimés à des milliards d'euros par an.

3 octobre 2024, 08:55  •  0 vues

Les salariés aidants : un défi croissant pour les entreprises françaises

Dans le paysage professionnel français, une tendance significative se dessine : la montée en puissance des "salariés aidants". Ces employés, qui jonglent entre leur carrière et le soutien à un proche dépendant, représenteront 25% des actifs d'ici 2030, selon une étude récente de l'Ocirp.

Cette réalité émergente soulève des questions cruciales pour les entreprises. Les coûts cachés liés à cette situation sont considérables. Nathalie Chusseau, économiste et chercheuse associée à la chaire TDTE, estime que ces coûts pour les entreprises du secteur privé oscillent entre 24 et 31 milliards d'euros par an. Pour une entreprise de 100 salariés, cela représenterait plus de 10% de la masse salariale.

L'évolution démographique accentue cette tendance. L'âge moyen d'entrée dans l'aidance a chuté de 39 ans en 2021 à 33 ans en 2024, indiquant que de plus en plus de jeunes professionnels se trouvent dans cette situation.

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Paradoxalement, 63% des aidants ne déclarent pas leur situation à leur employeur. Marie-Anne Montchamp, directrice générale de l'Ocirp, explique :

"Quand le salarié redoute une discrimination à l'emploi ou d'être écarté des augmentations salariales ou d'une évolution professionnelle, il ne se déclare pas. L'employeur n'a alors pas d'autre moyen d'identifier les aidants que l'observation."

La crainte de discrimination

Certaines entreprises prennent des initiatives. La Poste, premier employeur d'aidants en France avec 5 200 salariés concernés en 2023, a mis en place un guichet des aidants. Aline Guerard, déléguée CFDT La Poste, souligne que cette approche réduit la stigmatisation en évitant le passage par le manager.

Il est crucial de noter que le statut d'aidant familial a été reconnu par la loi en 2005, et que depuis 2020, un congé de proche aidant rémunéré existe. De plus, la "Journée Nationale des Aidants", créée en 2010, sensibilise à cette réalité chaque 6 octobre.

Face à ces défis, les entreprises doivent adapter leurs politiques. La mise en place de mesures de soutien, comme le don de jours de repos entre collègues (possible depuis 2018), et une meilleure communication sur les droits des aidants sont essentielles. Ces actions permettront non seulement de soutenir les salariés aidants, mais aussi de réduire les coûts cachés et d'améliorer la productivité globale.