Le Hezbollah : financement occulte et influence en Afrique de l'Ouest

La diaspora libanaise en Côte d'Ivoire contribue au financement du Hezbollah. L'organisation utilise l'Afrique de l'Ouest comme plaque tournante pour le blanchiment d'argent issu d'activités illégales.

4 octobre 2024, 15:08  •  15 vues

Le Hezbollah : financement occulte et influence en Afrique de l'Ouest

Dans le quartier de Marcory à Abidjan, surnommé le "petit Beyrouth", la communauté libanaise observe un deuil discret suite à la prétendue mort du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Cette information, bien que non confirmée, met en lumière les liens complexes entre la diaspora libanaise en Afrique de l'Ouest et l'organisation chiite basée au Liban.

La Côte d'Ivoire, indépendante depuis 1960, abrite une importante communauté libanaise, estimée à près de 100 000 personnes, dont 80% sont musulmans chiites. Cette diaspora, partie intégrante des 14 millions de Libanais vivant à l'étranger, joue un rôle crucial dans le financement indirect du Hezbollah.

Le Hezbollah, fondé en 1985 et dirigé par Hassan Nasrallah depuis 1992, tire une partie significative de ses revenus de contributions volontaires et d'un système de taxation informelle. La "zakat", un pilier de l'Islam, est souvent utilisée comme moyen de collecte de fonds. Un entrepreneur anonyme évoque même l'existence d'un "racket institutionnalisé" au sein de la communauté libanaise.

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Au-delà de ces contributions, le Hezbollah s'appuie sur un vaste réseau d'activités illégales. Selon la Fondation pour la défense des démocraties (FDD), créée en 2001, environ 30% des revenus de l'organisation proviendraient d'activités mafieuses. Emanuele Ottolenghi, expert du FDD, estime que les revenus issus de la contrebande et du blanchiment d'argent dépasseraient les 300 millions de dollars par an.

L'Afrique de l'Ouest joue un rôle crucial dans ce système, servant de point de transit pour le blanchiment d'argent. La communauté libanaise, bien implantée dans les milieux d'affaires et influente dans les cercles politiques, facilite ces opérations. Ces activités s'inscrivent dans un contexte plus large de trafics impliquant des diamants, du bois et des armes.

Le Hezbollah, considéré comme une organisation terroriste par plusieurs pays, a su tisser des liens avec les cartels colombiens et mexicains. Ces connexions permettent de "laver" une partie des revenus du narcotrafic en Afrique, avant leur transfert vers le Liban.

Cette situation complexe illustre les défis auxquels font face les 18 confessions religieuses reconnues au Liban, un pays qui a connu une guerre civile dévastatrice de 1975 à 1990 et qui traverse actuellement une grave crise économique depuis 2019. Le Hezbollah, devenu un "État dans l'État" au Liban, continue d'exercer une influence considérable, contrôlant une grande partie du sud du pays et participant au gouvernement depuis 2005.

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Alors que le Liban lutte pour surmonter ses défis internes, l'influence du Hezbollah s'étend bien au-delà de ses frontières, s'appuyant sur un réseau complexe de soutien financier et logistique qui s'étend de l'Amérique du Sud à l'Afrique de l'Ouest.