Le CNC cède 450 millions d'euros pour réduire la dette nationale
Le gouvernement français prélève 450 millions d'euros sur la trésorerie du Centre national du cinéma. Cette décision, présentée comme raisonnable, vise à contribuer au désendettement du pays sans affecter le soutien à l'industrie cinématographique.
Dans le cadre des efforts pour réduire la dette nationale française, le gouvernement a annoncé une mesure significative touchant le secteur cinématographique. Le projet de loi de finances pour 2025, dévoilé le 10 octobre 2024, prévoit un prélèvement de 450 millions d'euros sur la trésorerie du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC).
Olivier Henrard, président par intérim et directeur général du CNC, a déclaré au Monde :
« C'est une solution raisonnable qui préserve le souci du financement public et n'enlève pas un euro aux capacités d'action du CNC »
Cette décision intervient dans un contexte où la trésorerie du CNC, s'élevant à près de 800 millions d'euros, a été jugée "disproportionnée" par la Cour des comptes. Il est important de noter que le CNC, créé en 1946, joue un rôle crucial dans le soutien à l'industrie cinématographique française, qui produit en moyenne plus de 300 longs métrages par an.
Le niveau élevé de la trésorerie du CNC s'explique en partie par les provisions pour les versements futurs aux producteurs, salles de cinéma et distributeurs, ainsi que par une réserve pour les risques contentieux. Malgré ce prélèvement, Olivier Henrard assure que le soutien aux films ne sera pas réduit.
Le financement du CNC repose sur un modèle unique, basé sur quatre taxes affectées :
1. Les billets d'entrée des salles de cinéma
2. Les chaînes de télévision
3. Les fournisseurs d'accès à Internet
4. Les plateformes de streaming
Ce système, instauré par la loi de 1948 sur le financement du cinéma, génère actuellement des ressources fiscales de 780 millions d'euros par an. Il est considéré comme un modèle dans le monde et contribue à faire de la France le deuxième exportateur mondial de films après les États-Unis.
Il est intéressant de noter que pendant la pandémie de Covid-19, qui a durement touché le secteur entre 2020 et 2022, le CNC avait reçu un soutien exceptionnel de 440 millions d'euros de l'État. La ponction actuelle peut donc être vue comme une forme de restitution de cette aide exceptionnelle.
D'autres options avaient été envisagées pour contribuer au désendettement, notamment la réduction des crédits d'impôt cinéma, instaurés en 2004. Cependant, une telle mesure aurait pu compromettre l'attractivité de la France pour les tournages internationaux et nationaux. La France compte plus de 2000 salles de cinéma et accueille plus de 400 festivals de cinéma chaque année, témoignant de la vitalité de son industrie cinématographique.
Cette décision, bien que significative, semble avoir été prise de manière à préserver l'écosystème cinématographique français, qui a su se relever des années difficiles liées à la crise sanitaire. Le CNC continue de soutenir non seulement le cinéma, mais aussi d'autres secteurs créatifs comme les jeux vidéo depuis 2008, illustrant son rôle crucial dans le paysage culturel français.