La dictature des chiffres menace le secteur social et solidaire
Les organisations sociales adoptent de plus-en-plus les méthodes de gestion traditionnelles malgré leurs valeurs différentes. Cette approche risque de compromettre leur mission sociale fondamentale
Les entreprises sociales et solidaires font face à un défi majeur - comment gérer sans tomber dans le piège des indicateurs classiques. Ces structures qui représentent un espoir face aux problèmes écologiques et sociaux ont créé des modèles dʼaffaires différents mais doivent maintenant résister à une pression financière croissante
Les associations et coopératives ont développé une approche unique du travail collectif (basée sur des valeurs humaines) ; pourtant avec les contraintes budgétaires actuelles beaucoup dʼentre-elles se tournent vers des méthodes de gestion traditionnelles: tableaux de bord chiffrés rapports dʼactivité et autres outils de mesure
Le problème avec ces indicateurs cest quʼils simplifient trop la réalité du terrain - ils ignorent lʼexpertise des employés et les poussent à se concentrer uniquement sur ce qui est mesurable. Les managers eux-mêmes finissent par privilégier les données faciles à quantifier; négligeant ainsi les aspects moins tangibles du travail social
Un exemple concret: une organisation de micro-crédit sociale qui se focalise sur le nombre de prêts accordés. Voici les conséquences observées:
- Attention excessive aux volumes financiers
- Négligence de la qualité dʼaccompagnement
- Perte de vue de la mission sociale
- Dévalorisation du travail humain
Les chiffres ne sont jamais neutres‚ ils portent une vision du monde qui peut créer du silence et de lʼignorance
Cette approche quantitative transforme petit-à-petit ces organisations en structures quasi-commerciales - un changement qui met en péril leur raison dʼêtre initiale