Kaïs Saïed réélu président tunisien avec 89,2% des voix

L'élection présidentielle tunisienne du 6 octobre 2023 a vu la réélection de Kaïs Saïed avec 89,2% des suffrages. Le scrutin, marqué par une faible participation, soulève des questions sur la légitimité du processus électoral.

6 octobre 2024, 23:07  •  0 vues

Kaïs Saïed réélu président tunisien avec 89,2% des voix

Le 6 octobre 2023, la Tunisie, le plus petit pays du Maghreb, a tenu son élection présidentielle. Selon les sondages de sortie des urnes, le président sortant Kaïs Saïed aurait été réélu avec 89,2% des voix. Ce résultat, bien qu'attendu, soulève des questions sur l'état de la démocratie dans ce pays qui fut le berceau du Printemps arabe.

La participation au scrutin s'est élevée à 27,7%, soit environ 2,7 millions d'électeurs. Ce chiffre, bien que supérieur aux 11,3% enregistrés lors des législatives de 2022, reste bien en deçà des 49% du premier tour de la présidentielle de 2019. Fait notable, seulement 6% des votants avaient moins de 35 ans, reflétant un désengagement de la jeunesse tunisienne.

Les deux autres candidats, Zouheir Maghzaoui et Ayachi Zammel, n'auraient obtenu respectivement que 6,9% et 3,9% des suffrages. Zammel, emprisonné depuis début septembre, a dénoncé la publication de ces sondages comme une violation de la loi électorale.

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La journée électorale s'est déroulée dans le calme, avec une majorité d'électeurs âgés dans les bureaux de vote du centre de Tunis. Les partisans de Saïed étaient les plus visibles, exprimant leur espoir de voir résoudre les problèmes du pays depuis la révolution de 2011.

"Il essaye de changer les choses pour les citoyens. Au moins avec lui nous avons de l'espoir que les problèmes qui se sont produits dans le pays depuis la révolution trouvent une solution."

Chourouk Abdallah, supportrice de Kaïs Saïed

Cependant, certains opposants, comme Seif, un étudiant de 27 ans, ont exprimé leur inquiétude face à ce qu'ils perçoivent comme une dérive autocratique de Saïed depuis qu'il s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021.

Depuis son "coup de force", Saïed a progressivement démantelé certaines structures démocratiques mises en place après la révolution de 2011. Il a notamment modifié la composition du Conseil supérieur de la magistrature et de l'Instance électorale, soulevant des inquiétudes quant à l'indépendance de ces institutions.

Le processus électoral a été entaché de controverses. L'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a ignoré une décision du tribunal administratif en faveur de la réintégration de trois candidats exclus. De plus, le Parlement a amendé la loi électorale le 27 septembre, retirant au tribunal administratif la compétence de trancher les contentieux électoraux.

Pour la première fois depuis 2011, les observateurs de l'Union européenne n'ont pas été admis à suivre le déroulé du vote. Seuls des représentants de la commission électorale russe, de l'Organisation de coopération islamique et de quelques autres organisations accréditées étaient présents dans certains bureaux.

Cette élection intervient dans un contexte où la Tunisie, malgré ses défis démocratiques, reste un pays riche en histoire et en culture. Berceau de la civilisation carthaginoise, la Tunisie abrite le site archéologique de Carthage, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le pays est également connu pour sa production d'huile d'olive, étant le troisième producteur mondial, et pour ses dattes, dont il est le premier exportateur mondial.

Les résultats définitifs de l'élection doivent être annoncés au plus tard le 9 novembre 2023. D'ici là, les observateurs nationaux et internationaux continueront d'analyser les implications de ce scrutin pour l'avenir démocratique de la Tunisie.