Han Kang : première Sud-Coréenne lauréate du Nobel de littérature

Han Kang, romancière sud-coréenne, remporte le Prix Nobel de littérature 2024 pour sa prose poétique intense. Elle est la première de son pays à recevoir cette prestigieuse distinction.

11 octobre 2024, 09:05  •  0 vues

Han Kang : première Sud-Coréenne lauréate du Nobel de littérature

Le 10 octobre 2024, l'Académie suédoise a annoncé que le Prix Nobel de littérature était décerné à Han Kang, faisant d'elle la première Sud-Coréenne à recevoir cette prestigieuse distinction. Cette reconnaissance marque un moment historique pour la littérature coréenne, dont l'histoire remonte à plus de 1500 ans.

Han Kang, née le 27 novembre 1970 à Gwangju, a été récompensée pour "sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine". Son œuvre s'inscrit dans une tradition littéraire riche, influencée par le hangul, l'alphabet coréen créé au 15e siècle par le roi Sejong le Grand.

La romancière a débuté sa carrière en publiant des poèmes dans le magazine "Littérature et société", avant de se lancer dans la prose en 1995. Sa ville natale, Gwangju, site d'un soulèvement démocratique majeur en 1980, a profondément marqué son écriture. Cette influence reflète l'histoire tumultueuse de la Corée du Sud, qui n'est devenue une démocratie qu'en 1987 après des décennies de régime autoritaire.

L'œuvre de Han Kang se caractérise par une exploration des liens entre le corps et l'âme, les vivants et les morts, s'inscrivant dans la tradition du "han", un concept culturel coréen représentant un sentiment de chagrin et de ressentiment collectif. Son style poétique et expérimental est considéré comme novateur dans la prose contemporaine.

Image

Sa percée internationale est venue avec le roman "La Végétarienne" (2007), qui dépeint les conséquences violentes du refus de sa protagoniste de manger de la viande. Cette œuvre résonne avec l'augmentation du végétarisme en Corée du Sud, bien que ce mode de vie reste minoritaire dans un pays connu pour sa culture du "pali pali" (vite vite).

Han Kang est également artiste et musicienne, ce qui se reflète dans sa production littéraire. Cette polyvalence s'inscrit dans le contexte d'une Corée du Sud leader mondial en taux de pénétration d'Internet et en dépôts de brevets par habitant, illustrant la créativité et l'innovation du pays.

La reconnaissance de Han Kang par le comité Nobel s'inscrit dans un contexte plus large de la "hallyu" ou "vague coréenne", désignant la popularité croissante de la culture coréenne dans le monde. Elle est seulement la 17e femme à recevoir le prix Nobel de littérature depuis sa création en 1901.

L'attribution de ce prix à une auteure sud-coréenne souligne l'importance croissante de la littérature asiatique sur la scène mondiale. Il est intéressant de noter que le seul autre Sud-Coréen couronné d'un prix Nobel - de la paix - remonte à l'an 2000, lorsque l'ancien président Kim Dae-Jung a été récompensé pour son travail en faveur de la paix avec la Corée du Nord.

Fille de l'écrivain Han Sung-won, Han Kang a également reçu le prix Emile-Guimet de littérature asiatique en 2024, confirmant son statut d'auteure majeure de la littérature contemporaine. Son œuvre, ancrée dans la culture coréenne tout en abordant des thèmes universels, continue d'explorer les concepts de "jeong" (attachement et compassion) et les traumatismes de l'histoire, notamment la guerre de Corée (1950-1953).