Fitch maintient la note française mais ajoute une "perspective négative"

L'agence Fitch conserve la note AA- de la France, mais avertit d'une possible dégradation. Le gouvernement réaffirme sa détermination à redresser les finances publiques face aux doutes croissants.

11 octobre 2024, 22:36  •  46 vues

Fitch maintient la note française mais ajoute une "perspective négative"

L'agence de notation Fitch a décidé de maintenir la note AA- de la dette française, tout en ajoutant une "perspective négative". Cette décision, annoncée le 11 octobre 2024, souligne les défis persistants auxquels la France est confrontée en matière de finances publiques.

Le ministre de l'Économie, Antoine Armand, a rapidement réagi en réaffirmant "la détermination du gouvernement à redresser la trajectoire de finances publiques et à maîtriser l'endettement". Cependant, la situation actuelle des comptes publics français suscite des inquiétudes.

Le déficit public, initialement prévu à 4,4% du PIB pour 2024, risque de s'aggraver et pourrait atteindre 6,1%. Cette dérive intervient après un premier dérapage en 2023, année où la dette publique française a dépassé les 3000 milliards d'euros.

Le gouvernement a présenté un budget de rigueur pour 2025, visant à ramener le déficit à 5% du PIB. Néanmoins, de nombreux experts doutent de la faisabilité de cet objectif. Fitch, quant à elle, prévoit un déficit de 5,4% du PIB pour 2025 et 2026, citant "l'incertitude politique persistante et les risques de mise en œuvre de certaines mesures".

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"Longtemps, Bercy mentait avec crédibilité. Maintenant, ça commence à se voir."

Hadrien Camatte, économiste France à Natixis

Cette citation illustre la perte de crédibilité du gouvernement français auprès des marchés financiers. La France, deuxième plus grande économie de la zone euro, fait face à des défis croissants pour maintenir la confiance des investisseurs.

Un signe inquiétant est le retrait progressif des investisseurs japonais, longtemps grands acheteurs de la dette française. Raphaël Gallardo, chef économiste de Carmignac, explique que le retour de l'inflation au Japon et la normalisation des taux d'intérêt sous le gouvernement Ishiba réduisent l'attrait des obligations européennes pour ces investisseurs.

Il convient de noter que la France n'a pas connu d'excédent budgétaire depuis 1974, et son ratio dette/PIB a dépassé 100% pour la première fois en 2020. La Commission européenne surveille de près ces développements, d'autant plus que le Pacte de stabilité et de croissance de l'UE, suspendu en 2020 en raison de la pandémie, devrait être réactivé.

Les décisions à venir de Moody's fin octobre et de Standard & Poor's en novembre 2024 seront cruciales pour évaluer la perception de la dette française par les marchés. Il est important de rappeler que la France a perdu son triple A auprès de Standard & Poor's en 2012, marquant le début d'une période de scrutin accru de ses finances publiques.

Le "spread" ou écart de taux entre les obligations françaises et allemandes, un indicateur clé de la confiance des marchés, sera à surveiller de près dans les mois à venir. La capacité du gouvernement français à tenir ses promesses de redressement fiscal et à naviguer dans les négociations avec Bruxelles concernant les objectifs de déficit sera déterminante pour l'avenir de la notation de la dette française.