Crise humanitaire à Goma : violences sexuelles en hausse alarmante

La situation des déplacés à Goma se détériore, avec une augmentation des violences sexuelles. MSF rapporte une hausse des victimes prises en charge, soulignant l'urgence d'une action humanitaire renforcée.

30 septembre 2024, 15:34  •  0 vues

Crise humanitaire à Goma : violences sexuelles en hausse alarmante

La situation humanitaire à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), continue de se détériorer de manière alarmante. Les violences sexuelles envers les femmes déplacées ont atteint des niveaux critiques, mettant en lumière l'urgence d'une action concertée pour protéger les populations vulnérables.

Selon une enquête menée par Médecins Sans Frontières (MSF) en avril 2024 dans quatre sites de déplacés, plus d'une femme sur dix âgée de 20 à 44 ans a déclaré avoir été violée au cours des cinq mois précédents. Cette statistique effrayante s'inscrit dans un contexte plus large de crise humanitaire qui frappe la région depuis des années.

Entre janvier et mai 2024, MSF a pris en charge 17 363 victimes de violences sexuelles dans la seule province du Nord-Kivu. Ces chiffres, bien qu'alarmants, sont probablement sous-estimés en raison de la peur des représailles et de la stigmatisation sociale qui empêchent de nombreuses victimes de chercher de l'aide.

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Les conditions de vie dans les camps de déplacés autour de Goma sont extrêmement précaires. Le manque d'infrastructures sanitaires, d'éclairage et de sécurité expose les résidents, en particulier les femmes et les enfants, à des risques accrus de violence et d'exploitation. La situation est encore plus critique dans les camps informels, où les services de base sont pratiquement inexistants.

L'afflux continu de personnes fuyant les conflits a exercé une pression énorme sur les ressources limitées de la région. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de déplacés autour de Goma est passé de 340 000 en décembre 2023 à plus de 600 000 en mai 2024. Cette augmentation rapide a submergé un système de santé déjà fragile et des services humanitaires insuffisants.

La réponse humanitaire reste largement inadéquate face à l'ampleur de la crise. Les financements ont diminué de manière significative, passant de 1 milliard de dollars en 2022 à seulement 593 millions pour l'année 2024, couvrant à peine un quart des besoins estimés. Cette réduction drastique des ressources compromet gravement la capacité des organisations humanitaires à fournir une assistance vitale.

"Nous sommes témoins d'une crise humanitaire qui s'aggrave de jour en jour. Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables, et sans une action immédiate et coordonnée, la situation ne fera qu'empirer."

Un travailleur humanitaire de MSF témoigne :

Il est urgent de mobiliser la communauté internationale pour renforcer la réponse humanitaire à Goma. Cela implique non seulement une augmentation significative des financements, mais aussi une collaboration étroite avec la société civile locale pour lutter contre l'impunité et améliorer la protection des populations vulnérables.

La crise à Goma s'inscrit dans le contexte plus large des défis auxquels la RDC est confrontée. Deuxième plus grand pays d'Afrique, la RDC abrite plus de 5 millions de personnes déplacées internes et fait face à des conflits persistants, en particulier dans sa région orientale riche en ressources. La situation à Goma illustre la complexité des crises humanitaires dans un pays où coexistent plus de 200 groupes ethniques et où l'espérance de vie n'atteint que 60 ans.

Pour améliorer durablement la situation, il est crucial de s'attaquer aux causes profondes du conflit tout en répondant aux besoins immédiats des populations affectées. Cela nécessite un engagement à long terme de la part de la communauté internationale, des autorités congolaises et de la société civile pour construire une paix durable et garantir la protection des droits humains fondamentaux.