La disparition et le meurtre de Narin Güran, une fillette de 8 ans, ont plongé la Turquie dans un état de choc profond. L'affaire, qui a débuté le 21 août 2024, a rapidement pris une ampleur nationale, révélant des tensions politiques et sociales sous-jacentes dans ce pays de 84 millions d'habitants.
Le corps de Narin a été découvert 19 jours après sa disparition, dans un sac plastique immergé dans la rivière de son village, Tavsantepe, situé près de Diyarbakir, la plus grande ville du sud-est anatolien. Cette région, à majorité kurde, représente environ 15-20% de la population turque et a été le théâtre de conflits entre l'État turc et des groupes kurdes par le passé.
L'enquête a suscité un intérêt médiatique intense, avec des rebondissements quotidiens et des spéculations constantes. La police a lancé des recherches dès l'alerte de la disparition, Narin ayant été vue pour la dernière fois en rentrant d'un cours d'études coraniques.
Le drame a pris une tournure politique lorsque des liens ont été établis entre le village de Tavsantepe et le Hüda Par, un parti islamique kurde allié à la coalition gouvernementale depuis 2023. Ce parti, dont les origines remontent au Hezbollah turc (sans lien avec son homonyme libanais), a été impliqué dans des assassinats politiques dans les années 1990 et 2000.
Des déclarations controversées ont alimenté la polémique. Vedat Turgut, candidat Hüda Par, a provoqué l'indignation en déclarant :
"Ceci n'est pas notre culture, ceci est la culture de l'Europe, de l'Amérique et d'Israël."
Cette affaire met en lumière les tensions entre la laïcité constitutionnelle de la Turquie et l'influence croissante des partis islamiques. Elle soulève également des questions sur la protection des enfants et les droits des femmes dans un pays où le taux d'alphabétisation atteint 96%.
L'affaire Narin Güran continue de secouer la Turquie, membre de l'OTAN depuis 1952 et candidate à l'adhésion à l'UE depuis 1999. Elle révèle les défis auxquels le pays est confronté en matière de justice, de politique et de cohésion sociale.