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Féminicide en Seine-Saint-Denis : 28 ans de prison pour le meurtrier

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Un homme de 54 ans a été condamné à 28 ans de réclusion pour le meurtre de son épouse à Épinay-sur-Seine. Le crime, survenu après sa libération anticipée, soulève des questions sur la protection des victimes.

Le 11 octobre 2024, la cour d'assises de Seine-Saint-Denis a rendu son verdict dans une affaire de féminicide qui a profondément marqué la communauté judiciaire française. Khalid Fahem, un homme de 54 ans, a été condamné à 28 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son épouse, Bouchra Bouali, survenu en novembre 2021 à Épinay-sur-Seine.

Ce crime brutal a mis en lumière les failles du système de protection des victimes de violences conjugales. Bouchra Bouali, 44 ans, bénéficiait de mesures de protection, mais n'avait pas été informée de la libération anticipée de son mari, incarcéré pour violences conjugales. Cette erreur administrative a eu des conséquences tragiques, conduisant à des changements dans les procédures judiciaires françaises.

Le féminicide, reconnu officiellement en France depuis 2019, reste un problème majeur dans le pays. En 2023, 94 femmes ont été victimes de féminicide, contre 118 en 2022. Ces chiffres alarmants soulignent l'urgence de renforcer les mesures de prévention et de protection.

L'affaire a révélé la préméditation du crime. Khalid Fahem avait exprimé son intention de tuer sa femme avant même sa sortie de prison. Le soir du 26 novembre 2021, il a attendu sa victime pendant deux heures avant de l'attaquer avec une violence extrême, la poignardant 16 fois.

La victime vivait dans une peur constante, s'équipant d'un Taser et d'une bombe lacrymogène pour se protéger. Elle bénéficiait également d'un téléphone grave danger, dispositif généralisé en France depuis 2014. Malgré ces précautions, elles n'ont pas suffi à prévenir ce drame.

"Tout ce qui l'intéresse dans la vie, c'est l'argent, son image et tuer ma mère. C'est les trois intérêts de sa vie"

Témoignage de la fille aînée de la victime

Ce témoignage poignant de la fille aînée du couple, âgée de 17 ans, illustre la gravité de la situation et l'impact dévastateur sur les enfants, considérés comme des victimes indirectes des violences conjugales.

L'affaire a également mis en lumière les motivations du meurtrier. Khalid Fahem ne supportait pas l'émancipation économique de sa femme, qui avait acquis seule leur domicile en 2014 et un magasin de prêt-à-porter en 2018. La rupture annoncée au printemps 2021 a été l'élément déclencheur de sa spirale meurtrière.

Cette tragédie souligne l'importance des mesures de protection telles que l'ordonnance de protection, dont le délai de délivrance a été réduit à 6 jours en 2019, et le bracelet anti-rapprochement, introduit en 2020. Elle rappelle également la nécessité d'une formation continue des professionnels de justice sur les violences conjugales, rendue obligatoire en 2020.

Le "protocole féminicide", mis en place en France en 2021, vise à mieux prévenir ces crimes. Cependant, l'affaire Bouali montre que des progrès restent à faire dans la coordination entre les différents acteurs de la chaîne judiciaire et de protection.

En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Ce chiffre alarmant rappelle l'urgence de renforcer la lutte contre les violences faites aux femmes, conformément aux engagements pris par la France dans le cadre de la Convention d'Istanbul, ratifiée en 2014.

Angelique Labbé

Politique