Tunisie : L'élection présidentielle de 2024 marque un recul démocratique

La Tunisie s'apprête à tenir une élection présidentielle controversée le 6 octobre 2024. Le président sortant Kaïs Saïed consolide son pouvoir, suscitant des inquiétudes quant à l'avenir démocratique du pays.

5 octobre 2024, 09:03  •  118 vues

Tunisie : L'élection présidentielle de 2024 marque un recul démocratique

La Tunisie, berceau du Printemps arabe en 2010-2011, connaît une régression démocratique inquiétante à l'approche de l'élection présidentielle du 6 octobre 2024. Kaïs Saïed, président sortant et candidat à sa réélection, a consolidé son pouvoir personnel depuis son arrivée à la présidence en 2019.

Le scrutin à venir soulève de nombreuses questions quant à sa légitimité. Saïed a modifié la loi électorale, privant la justice administrative de ses compétences en matière de contentieux électoral. Cette manœuvre a permis l'élimination de ses principaux concurrents sous des prétextes douteux.

La scène politique tunisienne est désormais exsangue. Selon Human Rights Watch, près de 170 opposants et critiques sont emprisonnés. Les médias sont muselés et les associations entravées dans leurs activités. Cette répression s'inscrit dans un contexte économique difficile, avec un taux de chômage d'environ 16% et une croissance moyenne de 1,8% depuis 2011.

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"La Tunisie, qui a été le premier pays arabe à abolir l'esclavage en 1846, voit aujourd'hui ses libertés fondamentales menacées."

Un observateur local commente

La société civile tunisienne, initialement séduite par le projet de Saïed, mesure aujourd'hui son erreur. Le pays, qui compte environ 12 millions d'habitants, voit son image de pionnier démocratique du monde arabe s'effriter.

L'Europe et la France restent passives face à cette situation. La collaboration de Saïed dans le contrôle des flux migratoires vers l'Italie semble primer sur les préoccupations démocratiques. Cette approche risque de pousser la Tunisie vers un rapprochement avec la Russie, la Chine et l'Iran.

Malgré ces défis, la Tunisie conserve des atouts importants. Le pays, membre de l'Union africaine et de la Ligue arabe, possède une riche histoire culturelle, symbolisée par le site de Carthage, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Son secteur touristique, représentant environ 14% du PIB, et sa position de quatrième producteur mondial d'huile d'olive, témoignent de son potentiel économique.

Les démocrates tunisiens, face au silence de l'Europe, devront compter sur leurs propres forces pour préserver les acquis de la révolution de 2011. L'avenir dira si la Tunisie, plus petit pays du Maghreb mais pionnier des "printemps arabes", saura retrouver le chemin de la démocratie.