Marseille : Deux homicides liés au trafic de drogue choquent par leur violence

Deux meurtres récents à Marseille, impliquant des mineurs, révèlent une escalade de la violence liée au trafic de drogue. Le procureur souligne un "ultrarajeunissement" des auteurs et une "sauvagerie inédite".

6 octobre 2024, 10:13  •  120 vues

Marseille : Deux homicides liés au trafic de drogue choquent par leur violence

Marseille, la deuxième plus grande ville de France, est à nouveau secouée par une vague de violence liée au trafic de drogue. Deux homicides récents, survenus les 2 et 4 octobre 2024, ont mis en lumière une escalade alarmante de la brutalité et un rajeunissement inquiétant des personnes impliquées dans ces crimes.

Le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, a tenu une conférence de presse le 6 octobre 2024 pour aborder ces affaires. Il a qualifié ces actes de "sauvagerie inédite" et a souligné un "ultrarajeunissement" des auteurs présumés. Ces deux affaires sont liées et s'inscrivent dans le contexte d'un conflit entre gangs pour le contrôle d'un point de vente de drogue dans le 3e arrondissement de Marseille, l'un des plus pauvres de France.

Le premier homicide, survenu le 2 octobre, a impliqué un adolescent de 15 ans. La victime a été "lardée de 50 coups de couteau et brûlée vive", selon les mots du procureur. Ce crime aurait été commandité par un détenu de 23 ans du centre pénitentiaire de Luynes, près d'Aix-en-Provence, pour 2 000 euros. L'adolescent avait été recruté via les réseaux sociaux, une méthode de plus en plus utilisée par les trafiquants pour attirer les jeunes.

Le second meurtre, perpétré le 4 octobre, a coûté la vie à un chauffeur de VTC de 36 ans, père de famille et footballeur amateur. Nicolas Bessone a insisté sur le fait que la victime était "totalement extérieure aux trafics de stupéfiants". Ce crime aurait été commis par un mineur de 14 ans, recruté pour 50 000 euros pour venger le premier homicide. Le jeune tueur aurait utilisé un revolver 357 Magnum, une arme puissante développée dans les années 1930.

"On a un ultrarajeunissement des auteurs et une victime extérieure vendredi non pas touchée par une balle perdue mais froidement abattue. C'est un degré supplémentaire franchi et une perte totale de repères."

Nicolas Bessone, procureur de Marseille

Ces deux affaires portent à 17 le nombre de "narchomicides" à Marseille depuis le début de l'année 2024. Ce terme, forgé par la justice marseillaise, désigne les règlements de comptes liés au trafic de drogue. Malgré cette violence choquante, les autorités notent une baisse significative par rapport aux 49 cas enregistrés en 2023.

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Le port de Marseille, point d'entrée majeur pour le trafic de drogue en Europe, contribue à la persistance de ces problèmes. Les gangs, souvent organisés selon des lignes ethniques ou géographiques, se disputent le contrôle des points de vente lucratifs, comme celui de la cité du Moulin de Mai dans le quartier de la Belle de Mai.

Face à cette situation, les autorités françaises ont renforcé leurs efforts. La police nationale dispose d'une unité spéciale dédiée à la lutte contre le trafic de drogue, et plusieurs opérations de grande envergure ont été menées à Marseille. De plus, la surveillance des prisons a été accrue pour contrer l'influence des détenus impliqués dans le crime organisé.

La ville de Marseille a également mis en place des programmes de prévention visant à dissuader les jeunes de s'impliquer dans le trafic de drogue. Cependant, le taux de chômage élevé chez les jeunes reste un facteur contribuant au problème.

Ces récents événements tragiques soulignent l'urgence de trouver des solutions durables pour combattre le trafic de drogue et la violence qui l'accompagne à Marseille. La baisse des narchomicides en 2024 par rapport à 2023 offre un espoir, mais la brutalité des récents crimes montre que le chemin vers une ville plus sûre reste long et difficile.