Le Zimbabwe en quête d'une monnaie stable : l'échec du ZiG

Le Zimbabwe lance le ZiG, une nouvelle monnaie, mais fait face à un échec rapide. Les citoyens se tournent vers le dollar américain, reflétant une méfiance persistante envers l'économie nationale.

12 octobre 2024, 04:04  •  45 vues

Le Zimbabwe en quête d'une monnaie stable : l'échec du ZiG

Le Zimbabwe, pays connu pour ses impressionnantes chutes Victoria, la plus grande chute d'eau du monde, se trouve une fois de plus confronté à des défis monétaires majeurs. Le 30 avril 2024, le gouvernement a introduit une nouvelle devise, le ZiG (Zimbabwe Gold), dans l'espoir de stabiliser son économie. Cependant, cette tentative semble vouée à l'échec, rappelant les nombreuses crises monétaires que le pays a connues par le passé.

Malgré les efforts du gouvernement, les Zimbabwéens se tournent rapidement vers le dollar américain, une devise qu'ils considèrent comme plus fiable. Cette préférence a entraîné une dévaluation rapide du ZiG, forçant la banque centrale à déprécier officiellement la monnaie de 43% en septembre 2024. Sur le marché parallèle, la situation est encore plus alarmante, avec un taux de change passant de 13,56 ZiG pour un dollar en avril à près de 28 actuellement.

Cette méfiance envers la monnaie locale n'est pas nouvelle. Le Zimbabwe détient le triste record de l'une des pires hyperinflations de l'histoire moderne, atteignant un pic de 1 700% en février 2007. À cette époque, les prix doublaient en seulement 24 heures, poussant les habitants à adopter des pratiques comme le "mattress banking", consistant à cacher leurs économies partout sauf dans les banques.

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Le gouvernement tente de contrôler l'inflation par divers moyens. Des agents de la commission de protection des consommateurs surveillent régulièrement les marchés pour mesurer l'évolution des prix des denrées de base. Une unité spéciale, la Financial Intelligence Unit (FIU), a même été créée pour traquer les entreprises refusant les paiements en ZiG ou ne respectant pas le taux de change officiel.

Malgré ces efforts, l'économie zimbabwéenne reste largement isolée du reste du monde. Depuis son défaut de paiement sur sa dette en 2000, le pays n'a plus accès aux marchés de capitaux privés. De plus, les institutions multilatérales hésitent à soutenir un régime considéré comme répressif, dirigé par Emmerson Mnangagwa, arrivé au pouvoir suite à un coup d'État militaire en 2017 qui a mis fin au règne de 37 ans de Robert Mugabe.

Il est important de noter que le Zimbabwe possède des ressources naturelles considérables, notamment les deuxièmes plus grandes réserves de platine au monde après l'Afrique du Sud. Cependant, l'instabilité économique et politique a entravé le développement de ces ressources. Le pays, qui compte environ 15 millions d'habitants, fait face à l'un des taux de chômage les plus élevés au monde, malgré un taux d'alphabétisation parmi les plus élevés d'Afrique.

L'histoire économique récente du Zimbabwe est marquée par des décisions controversées, comme la réforme agraire du début des années 2000, qui a profondément affecté le secteur agricole, autrefois pilier de l'économie nationale. De plus, le pays a dû faire face à plusieurs sécheresses sévères, aggravant les difficultés économiques.

Malgré ces défis, le Zimbabwe reste un pays riche en potentiel, avec ses parcs nationaux renommés, sa faune sauvage unique, incluant des espèces menacées comme le rhinocéros noir, et des sites archéologiques majeurs comme le "Great Zimbabwe", qui a donné son nom au pays.

"L'introduction du ZiG était une tentative louable de stabiliser notre économie, mais sans réformes structurelles profondes et une confiance restaurée, aucune monnaie ne peut réussir."

Un économiste local commente

L'avenir économique du Zimbabwe reste incertain. Alors que le pays cherche désespérément à stabiliser sa monnaie et son économie, les leçons du passé et les défis actuels soulignent la nécessité d'une approche globale et durable pour résoudre ces problèmes persistants.