Le Kenya renforce son soutien sécuritaire en Haïti avec 600 policiers supplémentaires
Le président kényan William Ruto annonce l'envoi de 600 policiers supplémentaires en Haïti, renforçant la mission multinationale de sécurité. Cette décision intervient dans un contexte de violence croissante des gangs et de crise humanitaire.
Le président kényan William Ruto a annoncé le 11 octobre 2024 l'envoi de 600 policiers supplémentaires en Haïti, renforçant ainsi la mission multinationale de soutien à la sécurité dans ce pays caribéen. Cette décision intervient dans un contexte de violence croissante des gangs et de crise humanitaire profonde.
Le Kenya, qui a obtenu son indépendance en 1963, joue un rôle crucial dans cette mission. Depuis l'été 2024, près de 400 policiers kényans sont déjà déployés en Haïti, aux côtés d'une vingtaine d'hommes venus de Jamaïque et du Belize. Le président Ruto, élu en 2022, a déclaré que les 600 nouveaux policiers achèvent actuellement leur formation et seront prêts à prendre leurs fonctions le mois prochain.
Cette annonce a été faite lors de la visite du Premier ministre intérimaire haïtien, Garry Conille, au Kenya. Les deux dirigeants ont souligné l'urgence de la situation et appelé à un soutien international accru pour la mission, qui fait face à un manque critique de financement et d'équipement.
Haïti, premier pays noir indépendant du monde depuis 1804, est confronté à une situation sécuritaire alarmante. Les gangs contrôlent 80% de la capitale Port-au-Prince et des axes majeurs du pays. Depuis janvier 2024, au moins 3 661 personnes ont été tuées dans des violences liées aux gangs. La semaine précédant la visite de Conille au Kenya, une attaque brutale a fait 109 morts et plus de 40 blessés dans la localité de Pont-Sondé.
La crise sécuritaire a des répercussions humanitaires dévastatrices. Plus de 700 000 personnes, dont la moitié sont des enfants, ont été forcées de fuir leur domicile. Cette situation est d'autant plus préoccupante qu'Haïti est déjà le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental, avec un taux d'alphabétisation d'environ 60%, l'un des plus bas des Caraïbes.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a prolongé d'un an la mission multinationale policière en septembre 2024. Cependant, la transformation de cette mission en une force des Nations Unies, comme demandé par les autorités haïtiennes, n'a pas été évoquée.
Le Kenya, fort de son expérience dans les opérations de maintien de la paix en Afrique et de sa lutte contre le terrorisme, notamment contre Al-Shabaab, apporte une expertise précieuse à cette mission. La force de police kényane, qui compte environ 100 000 officiers, est bien équipée pour relever ce défi.
"Nous aimerions voir une réponse plus rapide, nous aimerions voir plus d'engagement et nous allons continuer à faire pression en ce sens."
Cette mission intervient dans un contexte historique complexe pour Haïti, qui a connu de nombreux coups d'État et périodes d'instabilité politique depuis son indépendance. Le pays, qui partage l'île d'Hispaniola avec la République dominicaine, a également été frappé par un tremblement de terre dévastateur en 2010, tuant plus de 200 000 personnes.
Le défi pour la mission kényane et ses partenaires sera non seulement de rétablir la sécurité, mais aussi de contribuer à la stabilité à long terme d'Haïti, en tenant compte de sa riche culture, incluant le créole haïtien et le vaudou, tout en s'attaquant aux problèmes structurels qui alimentent la violence et la pauvreté.