Débat sur la migration : l'UE cherche un consensus avant le sommet

Les ministres de l'Intérieur de l'UE se sont réunis pour discuter de l'immigration irrégulière avant le sommet d'octobre. Le pacte sur la migration reste prioritaire malgré les divergences.

11 octobre 2024, 09:22  •  17 vues

Débat sur la migration : l'UE cherche un consensus avant le sommet

La question migratoire est au cœur des préoccupations européennes à l'approche du sommet des chefs d'État et de gouvernement prévu les 17 et 18 octobre 2024. Le 10 octobre, les ministres de l'Intérieur des Vingt-Sept se sont réunis à Luxembourg pour aborder ce sujet brûlant qui agite la scène politique européenne depuis la rentrée.

Depuis le rétablissement des contrôles aux frontières allemandes mi-septembre, les appels à un durcissement de la politique migratoire européenne se sont multipliés. Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur, a déclaré :

"Nous sommes en train de converger encore beaucoup plus, entre l'ensemble des États membres pour qu'on puisse répondre aux souhaits de nos peuples qui veulent être protégés des chocs migratoires"

Déclaration du ministre français de l'Intérieur

Cette tendance reflète une évolution significative depuis la crise migratoire de 2015, qui avait vu l'arrivée de plus d'un million de migrants en Europe. De plus en plus d'États membres plaident pour l'externalisation des demandes d'asile vers des pays tiers, voire la création de centres de retour hors d'Europe.

Malgré ces divergences, le pacte sur la migration et l'asile, adopté en mai 2024 après cinq ans de négociations, reste la priorité. Ce pacte vise à harmoniser les procédures de filtrage, d'examen et d'instruction des demandeurs d'asile aux frontières, ainsi que leur renvoi si nécessaire. Il s'inscrit dans la continuité du Règlement de Dublin de 2003, qui détermine l'État membre responsable d'une demande d'asile.

Certains pays, comme les Pays-Bas et la Hongrie, ont demandé des dérogations. Sandor Pinter, ministre hongrois de l'Intérieur, a cependant assuré que son pays appliquerait le pacte tant qu'il n'y aurait pas de changement de traité.

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L'Allemagne et l'Espagne souhaitent accélérer la mise en œuvre du pacte, initialement prévue pour juin 2026. Pedro Sanchez, Premier ministre espagnol, a proposé d'avancer son application à l'été 2025. Cette proposition intervient dans un contexte où l'Espagne fait face à une augmentation des arrivées irrégulières aux îles Canaries, avec plus de 30 000 personnes ayant traversé depuis les côtes mauritanienne et sénégalaise depuis le début de l'année.

Les motivations de l'Allemagne et de l'Espagne diffèrent. L'Allemagne, suite à deux attentats commis par des réfugiés et à des revers électoraux, adopte une politique plus restrictive. L'Espagne, quant à elle, cherche une solution européenne rapide face à la pression migratoire aux Canaries.

Ces débats s'inscrivent dans un contexte global où, selon le HCR, 89,3 millions de personnes étaient déplacées de force dans le monde fin 2021. L'Union européenne tente de trouver un équilibre entre la protection des frontières, assurée notamment par Frontex depuis 2004, et le respect des engagements internationaux comme la Convention de Genève de 1951 sur le statut des réfugiés.

Le Fonds Asile, Migration et Intégration de l'UE, doté d'un budget de 9,9 milliards d'euros pour 2021-2027, témoigne de l'ampleur des efforts financiers consentis pour gérer cette situation complexe. Alors que le sommet approche, l'UE cherche à concilier les différentes approches nationales pour élaborer une politique migratoire cohérente et efficace.