Le tribunal de Nuuk, capitale du Groenland, a rejeté la troisième demande de mise en liberté de Paul Watson, le 2 octobre 2024. Le fondateur de l'organisation Sea Shepherd Conservation Society, âgé de 73 ans, reste incarcéré depuis le 21 juillet 2024. La justice groenlandaise a prolongé sa détention jusqu'au 23 octobre, dans l'attente d'une décision sur l'extradition demandée par le Japon.
Paul Watson, défenseur de la biodiversité marine, est accusé par Tokyo "d'obstruction forcée au commerce, d'atteinte à l'intégrité physique, d'intrusion dans un navire et de vandalisme". Ces accusations sont liées à des incidents survenus en 2010 dans l'océan Austral, impliquant un navire baleinier japonais.
Les avocats de Watson contestent la légalité de sa détention et de l'éventuelle extradition. François Zimeray, ancien ambassadeur de France à Copenhague, affirme que la détention est "disproportionnée" et que l'extradition serait "illégale". Il souligne le risque que Watson "finisse ses jours en prison au Japon pour des faits qui n'ont pas eu lieu".
La situation juridique est complexe, impliquant le Groenland, le Danemark et le Japon. Le Groenland, territoire autonome du Royaume du Danemark, a une population d'environ 56 000 habitants et dépend en partie économiquement de la pêche et de la chasse. La procédure d'extradition est gérée par la justice danoise, mais doit être statuée en droit groenlandais.
Il est important de noter que la Commission baleinière internationale a imposé un moratoire sur la chasse commerciale à la baleine en 1986. Cependant, le Japon a repris cette pratique en 2019 après avoir quitté la Commission. La chasse à la baleine reste une pratique traditionnelle au Groenland, autorisée pour les populations indigènes.
Paul Watson et Sea Shepherd sont connus pour leurs actions directes contre la chasse à la baleine et la pêche illégale. Leurs méthodes, souvent controversées, incluent l'utilisation de navires peints en noir arborant un drapeau de pirate modifié. Ces actions ont conduit à de nombreuses confrontations en mer avec des baleiniers.
"Tout cela repose sur une fausse accusation portée par une entreprise criminelle, l'industrie japonaise de la chasse à la baleine"
La décision du tribunal de Nuuk de prolonger la détention de Watson soulève des questions sur l'équilibre entre la protection de l'environnement et les intérêts économiques et diplomatiques. Cette affaire met en lumière les défis complexes de la conservation marine à l'échelle internationale.