Le Sri Lanka, île de 65 610 km² située dans l'océan Indien, connaît un nouveau chapitre de son histoire politique. Le 23 septembre 2024, Anura Kumara Dissayanake a pris ses fonctions de président, héritant d'un dossier épineux impliquant l'Inde voisine.
Au cœur de cette controverse se trouve un projet de parcs éoliens attribué à Gautam Adani, industriel indien proche du Premier ministre Narendra Modi. En février 2023, sans appel d'offres, Adani a obtenu un contrat pour construire deux parcs éoliens de 450 MW dans le nord-est de l'île, pour un montant estimé à 442 millions de dollars.
Ce projet soulève de vives oppositions :
- Impact environnemental contesté
- Conditions d'attribution opaques
- Tarifs jugés excessifs
Un recours a été déposé devant la Cour suprême du Sri Lanka par l'évêque du diocèse de Mannar et trois écologistes, demandant l'annulation de cette attribution.
"Le président Rajapaksa m'a confié avoir subi des pressions de la part de Narendra Modi pour qu'il attribue des projets d'énergie renouvelable au groupe Adani."
Cette déclaration, faite en juin 2022, a conduit à la démission de M. Ferdinando.
Le prédécesseur de Dissayanake, Ranil Wickremesinghe, avait approuvé en mai 2024 un contrat d'achat d'électricité sur 20 ans, garantissant à Adani 8,26 cents par kilowattheure.
Le nouveau président, qui s'est engagé durant sa campagne à annuler cet "accord corrompu", doit maintenant prendre une décision cruciale. Cette affaire s'inscrit dans un contexte géopolitique complexe, où l'Inde et la Chine se livrent une guerre d'influence dans cette région stratégique de l'océan Indien.
Le Sri Lanka, pays de 22 millions d'habitants, fait face à une crise économique sans précédent. Sa dette extérieure, estimée à 51 milliards de dollars en 2022, pèse lourdement sur son économie. Le pays, connu pour son thé de Ceylan et ses huit sites classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, doit trouver un équilibre délicat entre ses besoins de développement et sa souveraineté énergétique.
Cette situation illustre les défis auxquels est confronté le Sri Lanka, pays indépendant depuis 1948 et membre du Commonwealth. Alors que le bouddhisme est pratiqué par 70% de la population, le pays doit également composer avec sa diversité linguistique, le cinghalais et le tamoul étant reconnus officiellement.
Le nouveau gouvernement devra naviguer habilement entre les intérêts économiques, environnementaux et géopolitiques, tout en cherchant à relancer une économie fortement dépendante du tourisme et durement touchée par la crise de 2022. L'avenir du projet éolien d'Adani sera un test crucial pour la nouvelle administration, dans un pays qui tente de se reconstruire après des décennies de guerre civile et les ravages du tsunami de 2004.