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Mort de Nasrallah : l'Iran face à un dilemme stratégique

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Après l'élimination du chef du Hezbollah, Téhéran hésite sur sa réponse. La situation régionale est tendue, avec un risque d'escalade entre l'Iran et Israël.

Le 28 septembre 2024, l'annonce de la mort de Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah libanais, a secoué le Moyen-Orient. Plus de 24 heures après cet événement, la République islamique d'Iran, principal soutien du mouvement chiite, semble encore hésitante dans sa réaction face à ce revers infligé par Israël.

Le ministre des affaires étrangères iranien, Abbas Araghtchi, a exprimé ses inquiétudes lors d'une déclaration à New York :

"Nous sommes véritablement en état d'alerte. Les pays de la région et au-delà doivent savoir que la situation est critique et qu'à tout moment tout peut arriver"

Déclaration du ministre iranien des affaires étrangères

Cette réserve contraste avec les réactions habituelles de Téhéran suite aux assassinats ciblés de figures de l'"axe de la résistance". Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, en poste depuis 1989, a tenté de rassurer en affirmant que la structure fondée par Nasrallah au Liban "deviendra encore plus solide".

L'Iran se trouve dans une impasse stratégique après avoir subi plusieurs revers. Le 13 avril 2024, sa tentative de représailles suite à l'attaque de son consulat à Damas s'est soldée par un échec, la majorité des missiles envoyés vers Israël ayant été interceptés. Cet événement a mis en lumière la sophistication du système de défense antimissile israélien, considéré comme l'un des plus avancés au monde.

La situation s'est encore détériorée en juillet 2024 avec l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas, à Téhéran. Depuis, Israël a multiplié les opérations contre le Hezbollah, détruisant une grande partie de l'infrastructure militaire que le mouvement avait construite avec l'aide iranienne depuis sa fondation en 1985.

Hamidreza Azizi, chercheur à l'institut Stiftung Wissenschaft und Politik à Berlin, analyse : "L'Iran n'a aucune bonne option dans la nouvelle donne. Que Téhéran décide de répondre ou pas, Israël poursuivra probablement ses actions pour affaiblir l'axe de la résistance, augmentant le risque d'une confrontation directe."

Cette crise s'inscrit dans un contexte régional complexe. Le Liban, où le Hezbollah est représenté au parlement, traverse une crise économique et politique profonde depuis 2019. L'Iran, sous sanctions internationales en raison de son programme nucléaire controversé, soutient également les rebelles Houthis au Yémen et le régime syrien de Bachar al-Assad.

La disparition de Nasrallah, qui dirigeait le Hezbollah depuis 1992, marque un tournant dans l'équilibre des forces au Moyen-Orient. Alors que l'Iran cherche à maintenir son influence régionale, la question de sa réponse à cette élimination reste ouverte, avec des implications potentiellement majeures pour la stabilité de la région.

Mercer Bergeron

Politique